L’Observatoire de l’emploi à domicile a révélé que 10,8 % des ménages réunionnais font appel à ce type d’emploi. Près de 57 240 personnes sont impliquées, dont 35 705 employeurs et 21 516 salariés à domicile ou assistants maternels.
Sur l’ île de la Réunion, 57 241 personnes ont recours à l’emploi à domicile : 35 715 employeurs particuliers et 21 526 salariés à domicile ou assistants maternels. En moyenne, c’est presque 1 réunionnais sur 10 qui font appel à ce type d’emploi, mais cette proportion augmente, avec l’âge: elle atteint les 45% chez les personnes âgées de 80 ans et plus. 241 personnes font appel à l’emploi à domicile : 35 715 employeurs particuliers et 21 526 salariés à domicile ou assistants maternels. Cela représente presque 1 réunionnais sur 10, mais ce chiffre monte à 45% chez les personnes âgées à partir de 80 ans
Les emplois à domicile ne sont pas très populaires chez les parents ayant des enfants en bas âge. La garde non professionnelle se répande, en grande partie à cause du faible taux d’emploi des femmes. Cependant, ces dernières années, La Réunion a connu une progression de l’accueil individuel, incluant l’accueil à domicile des assistantes maternelles, les maisons d’assistantes maternelles et la garde d’enfants chez les parents. Dans les années 90, La Réunion a affiché un taux de productivité stable et l’un des plus élevés de France et la garde informelle des jeunes enfants est très présente.
Maternité précoce
Sur l’île, les maternités précoces sont très communes : les taux de fécondité des moins de 25 ans sont 2,6 fois plus élevés qu’en France. Il est facile de comprendre pourquoi La Réunion est le 3ème département le plus jeune de France. En fin d’année 2021, l’île aura 80 000 enfants âgés de moins de 6 ans et 39 000 âgés de moins de 3 ans. La plupart grandissent à Saint-Denis, la plupart dans des familles monoparentales dont un taux plus élevé qu’en métropole.
À La Réunion, deux femmes sur dix vivent seule avec ses enfants et, parmi elles, 55% sont sous le seuil de pauvreté métropolitain. L’Insee a souligné que les mamans seules font face à plus de risques de pauvreté, généralement couplés à un faible niveau d’études et à des difficultés à trouver un emploi, en particulier en raison de la garde des enfants. Plusieurs facteurs expliquent pourquoi, à La Réunion,en majorité les parents/mère gardent leurs jeunes enfants . On peut citer par exemple les parents/mère chômeur, l’impossibilité de payer un mode d’accueil, la difficulté d’accéder à ces modes d’accueil dans des zones très reculées, le coût trop élevé de ces modes d’accueil, et enfin le manque de places.
Les modes d’accueil formel ne couvrent pas vraiment tous les besoins d’accueil qu’on retrouve en métropole.
L’Observatoire national de la petite enfance révèle que seulement 35% des besoins d’accueil des jeunes enfants sont satisfaits par des modes d’accueil formels à La Réunion, sur 59% pour l’ensemble de la France. En fait, les offres d’accueil varient considérablement d’une ville à l’autre, par exemple Etang-Salé offre 5 fois plus de places que Sainte-Rose. Cela contraste avec la métropole où ce sont les établissements d’accueil du jeune enfant qui offrent le plus de places, pas les assistants maternels. Les assistants maternels représentent 23% des places disponibles, les garderies 61% et les autres modes d’accueil 16%.
Réunion est la partie de la France qui compte le moins d’emplacements d’assistant maternel. Une volonté politique de soutenir l’accueil collectif et des difficultés à obtenir l’agrément en raison des problèmes de logement non-conformes aux normes sont à l’origine de ce phénomène. Mais les Maisons d’assistants maternels (MAM) sont en pleine croissance sur l’île et offrent aux employés qui n’ont pas un logement adapté la possibilité d’exercer leur activité dans un local dédié, avec des règles plus souples depuis 2011.
Réforme du CMG
Les familles à faibles revenus ont généralement à supporter des restes à charge et des taux d’effort plus élevés s’ils décident de recourir à l’accueil individuel. Cela se traduit par des inégalités sociales entre les parents qui veulent bénéficier de cette forme d’accueil et ne pas avoir la liberté de choisir. Une réforme du Complément de libre choix du mode de garde (CMG) est en cours pour rendre l’accueil par une assistante maternelle aussi accessible que la crèche. Mais des difficultés administratives pour les parents (déclarations en ligne, par exemple) et les employés (demande d’agrément, montage administratif des assistantes maternelles, mise en réseau des salariés qui veulent créer une assistante maternelle, etc.) restent. Le HCFEA recommande un accompagnement plus important et une meilleure information de ces publics afin de surmonter ces obstacles. Au niveau national, l’accueil individuel est en baisse, mais à La Réunion, sa croissance est en plein essor.
On remarque un nombre grandissant de personnes qui font appel à l’accueil individuel à La Réunion
On remarque une augmentation des places proposées par les assistants maternels cette année, et c’est notamment grâce à l’expansion des MAM qui a connu une hausse de 23% ces trois dernières années. La Réunion fait figure d’exception avec une croissance des parents employeurs d’assistants maternels et des assistants maternels en activité alors qu’à l’échelle nationale ces valeurs sont respectivement de -1,8% et -4,8%.
On constate une nette progression de la garde d’enfants à domicile entre 2020 et 2021 : +14 % de places, +9,8 % de parents employeurs et +12,8 % de salariés .
Selon l’INSEE, le nombre de naissances a augmenté de 2,5 % en 2021, ce qui a entraîné une hausse des besoins en matière d’accueil. La crise sanitaire liée à la Covid-19 contribuait également à l’augmentation de ces besoins, car de nombreux parents optaient pour des modes d’accueil individuels qu’ils considèrent comme plus sûrs, car ils limitent le nombre de contacts et situés dans des domiciles privés.
D’ici 2023, le nombre de MAM (Maisons d’Assistantes Maternelles) devrait atteindre les 133 sur l’île, ce qui facilitera l’accès à la profession d’assistant maternel pour ceux qui ne peuvent pas l’exercer chez eux. Les parents peuvent bénéficier à la fois des avantages de l’accueil individuel et de l’accueil collectif: un accueil et une organisation personnalisés dans un petit espace qui encourage l’ouverture aux autres et la socialisation.
Les Réunionnais très âgés ont un taux d’emploi à la maison extrêmement élevé.
À La Réunion, les personnes âgées qui ont besoin d’aide à domicile bénéficient principalement des solidarités intergénérationnelles et des soins infirmiers libéraux. Ces derniers temps, le recours à l’emploi à domicile dans la population réunionnaise âgée atteint un sommet : en 2021, 45 % des personnes âgées de 80 ans et plus sont employeurs privés, ce qui est deux fois plus que la moyenne nationale.
La forte prévalence de l’emploi à domicile montre l’importance des besoins d’aide à domicile sur cette île où le vieillissement de la population est plus important. Bien que la durée de vie sur l’île ait considérablement augmenté, l’état de santé des habitants est plus précaire et ils entrent plus tôt dans la dépendance. D’après l’Insee, 22,5% des seniors de La Réunion sont en perte d’autonomie contre 16,3% au niveau national15. Par ailleurs, 94% vivent chez eux et seulement 6% sont en institution. Les anciens de La Réunion préfèrent majoritairement vieillir chez eux. Si jamais ils ne pouvaient plus vivre seuls, ils choisiraient en premier lieu une aide professionnelle à domicile (61%), puis le placement dans une maison de retraite (22%) et enfin le logement chez un membre de la famille (17%).
L’emploi à domicile, une solution proche et accessible.
Les services à domicile pour les personnes âgées sont plus abordables que les autres options d’accompagnement de la perte d’autonomie. La Réunion se confronte à un taux de pauvreté chez les personnes âgées, trois à quatre fois plus élevé qu’en métropole, et elle est la région de France la moins bien équipée en EHPAD, principalement situés dans les communes les plus aisées. Le coût horaire d’un intervenant à domicile en emploi direct est de 12 euros en 2020, ce qui est moins cher que les tarifs du personnel à domicile d’une structure prestataire (20 euros). Par conséquent, les bénéficiaires de l’APA à domicile peuvent obtenir plus d’heures d’assistance s’ils sont des employeurs particuliers plutôt que des structures prestataires. De plus, les employeurs particuliers âgés sont aidés dans leurs démarches par des structures mandataires, qui représentent 96 % des bénéficiaires de l’APA à domicile en emploi direct sur l’île.
Les emplois évoluent en même temps que la société réunionnaise et ses besoins grandissants, offrant ainsi des opportunités à ne pas rater.
Dans un futur pas si lointain, s’occuper des seniors à la maison, notamment les personnes à plus grand besoin, représentera un vrai défi pour les politiques publiques. D’ici 2050, le nombre de personnes âgées qui auront besoin d’aide et qui vivront à la maison devrait triplé, passant de 22 000 à 61 500.
Avec le vieillissement de la population, il y aura de plus en plus de besoins de services à domicile, principalement par des personnes extérieures à la famille. En effet, la cohabitation intergénérationnelle est de moins en moins fréquente (seulement 25 % des 55 ans et plus vivaient avec un adulte autre que leur conjoint en 2020, contre 39 % en 2010) et les réseaux d’aidants familiaux sont moins étendus, car les seniors ont moins d’enfants que leurs aînés et leurs enfants sont plus mobiles.
L’Observatoire de l’emploi à domicile prévoit que pour 2030, il y aura à La Réunion 11 000 particuliers employeurs âgés de 80 ans et plus, ce qui impliquera le recrutement de 3 118 assistants de vie en plus. Ce secteur représente donc un grand nombre d’opportunités d’emploi dans un territoire qui fait face à un défi structurel en matière d’activités et d’emplois, ainsi qu’à une forte émigration des jeunes. En même temps, de nombreux salariés de particuliers employeurs actuellement en poste partiront à la retraite et remplacés.
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