En République centrafricaine, la bière Castel est devenue un point de discorde entre la Russie et la France.

Le 5-6 mars, à Bangui, les caméras de surveillance ont filmé quatre types masqués en tenue similaire à celle des mercenaires russes de Wagner. Ils lançaient des cocktails Molotov contre la brasserie Mocaf du géant français Castel, spécialisé dans l’alcool.

La République Centrafricaine, est en guerre civile depuis près de dix ans. La guerre d’influence Franco-Russe dans ce pays était auparavant limitée à des trolls sur les réseaux sociaux. Mais cela a changé et s’est déplacé sur un terrain dangereux. Bangui, ayant des relations très tendues avec son ancienne puissance coloniale, tente de toutes ses forces de rétablir la paix, comme en témoigne la rencontre entre les deux présidents, Emmanuel Macron et Faustin Archange Touadéra, qui a eu lieu début mars.

« Les Russes sont inquiets à l’idée que Touadéra puisse se rapprocher des Occidentaux, et font tout leur possible pour éviter une réconciliation, comme l’explique Roland Marchal, chercheur à Sciences Po Paris et spécialiste de l’Afrique pour l’AFP.

Castel est le cible

Depuis 2018, Paris et Moscou se font des accusations mutuelles en Centrafrique. Facebook a alors décidé de retirer en décembre 2020 des usines à trolls et d’autres sources d’« infox » liées à la galaxie Prigojine. Ainsi que des comptes « liés » à l’armée française. Les derniers soldats français ont quitté le pays le 15 décembre 2022, après 62 ans de présence post-indépendance.

Depuis fin janvier, la Mocaf, est la cible de campagnes de dénigrement et de menaces. Manifestations dans la rue et messages sur la Toile, le motif était le même : « Castel, c’est la mort ». « Si vous achetez Castel, vous payez votre meurtre », « Castel = Terroriste ». Des pancartes et des affiches à l’appui, une vingtaine de manifestants se sont rassemblés devant la brasserie mi-janvier.

«  L’incendie a été la cerise sur le gâteau, mais avant cela, il y a eu une tentative de cambriolage. Un cadre anonyme de Castel en France a déclaré à l’AFP : « Le 30 janvier, en plein couvre-feu, trois hommes blancs sont sortis d’une voiture banalisée et se sont approchés avec une échelle avant d’être chassés par la sécurité. Et le même soir, un drone a survolé la brasserie. »

Aucune enquête n’a été engagée

Malgré une enquête menée sur l’incendie qui n’a toujours pas abouti. Le procureur de Bangui, Benoît Narcisse Foukpio, a déclaré mardi à l’AFP que « tous les documents seront analysés avant de procéder à des arrestations ». 8 jours se sont écoulés depuis l’incendie et le mystère reste entier.

Les Nations Unies, l’Union européenne, les ONGs et les capitales occidentales, notamment Paris, accusent fréquemment les Wagner – ainsi que les rebelles – de commettre des crimes contre des civils. La France reproche à M. Touadéra, en échange de leur assistance militaire contre la rébellion, d’avoir échangé les richesses de son pays, notamment l’or et les diamants, contre des services fournis par une multitude de sociétés liées à Wagner selon l’ONU et Paris.

Les diamants et le bois ne sont pas les seules sources de conflit en RCA. Début janvier, une nouvelle bière, Africa Ti L’Or, est apparue dans les bars de Bangui. La boisson est commercialisée par la First Industrial Company, dirigée par Dmitri Syty, selon Jeune Afrique. Des paramilitaires russes livrent régulièrement des caisses de bière en ville. Une source européenne affirme que cette stratégie est une forme de « prédation économique » pour évincer les entreprises étrangères en Centrafrique.

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