Des habitants de Mayotte dénoncent la destruction de cabanes insalubres

Jeudi dernier, l’État a procédé à la destruction de 10 cabanes insalubres situées sur le chantier d’un futur lycée à Longoni. Pour certains habitants, il s’agit d’une diversion après le revers judiciaire du début de semaine. Cependant, même si la situation est difficile, il est important de souligner que l’État reste déterminé à lutter contre l’habitat insalubre à Mayotte.

Face à la destruction de ces cabanes, des habitants comme Zarianti, expriment leur colère. « C’est ma mère qui habitait là à l’époque. Et là, c’est ma maison. C’est la maison qui est là. Je n’étais même pas au courant, mon père m’a réveillée ce matin en me disant : ‘ils vont démolir, ils sont déjà-là« 

Après le revers judiciaire du début de semaine, l’État veut montrer qu’il n’a pas perdu la main dans la lutte contre l’habitat insalubre. La préfecture de Mayotte a donné rendez-vous sur le chantier du futur lycée de Mamoudzou à Longoni au nord du chef-lieu du territoire pour assister à la destruction de ces cabanes vides. Cependant, les habitants de la commune considèrent que c’est une simple opération de communication. Nadhuif, un voisin est venu en soutien. « Ce sont des humains, ce sont des mahorais dit-il On est du même village. Donc moi, personnellement, ça me révolte ! »

Pour lui, cette scène de démolition est une diversion. « Ce n’est pas du tout l’opération Wuambushu de décasage. Là, ça n’a rien à voir.

« La préfecture, le gouvernement font ça exprès pour masquer leur échec à Majicavo et à Tsountsou. »

Ils ont échoué là-bas, dit-il. Ils se sont dit on va vers les mahorais, ils ne peuvent rien faire et là, ils vont débarquer. Est-ce que vous avez entendu qu’il y a eu des jets de pierres ici? Niet, rien! Il n’y a rien. Vous êtes témoin? Non, mais ils ont trouvé des gens pacifiques comme nous. Et voilà, Il y a un proverbe mahorais à peu près l’équivalent de « Trop bon, trop con! »

Ces dix cabanes ne font pas partie de l’opération en tant que tel, admet Thierry Suquet, le préfet de Mayotte mais s’inscrivent, assure-t-il, dans l’objectif global de l’État : éradiquer l’habitat insalubre. Depuis deux ans, on a démoli 2000 habitats insalubres dans l’île, liste Thierry Suquet. On les démolit avec des opérations qui peuvent en faire 100 habitats, avec des opérations qui peuvent en faire 150, mais pour arriver à 2000, il faut aussi des opérations qui en font 10. »

Pour conclure, devant les militaires impassibles, Rachida et un autre membre de sa famille impuissant, donnent une autre version : « Ils disent qu’il y a une personne de la famille qui leur a vendu le terrain. On a essayé de les arrêter pour qu’ils ne démolissent pas, nous on veut juste le document. Nous ne somme pas violents. On ne nous propose pas de terrain en échange, pas de relogement. Qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse? Nous à aucun moment on a refusé de partir!« . Le préfet de Mayotte indique avoir pris des arrêtés pour quatre autres périmètres de destruction et que chaque habitant s’est vu proposer des solutions d’hébergement. Le représentant de l’État est formel : les opérations de démolition des bidonvilles se poursuivront, à minima jusqu’à fin 2024.

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