Entre 1857 et 1862, 16 000 femmes, hommes et enfants d’Afrique ont pu profiter d’une chance unique : celle de l’abolition de l’esclavage qui les a conduits aux Antilles. Avec un contrat de travail appelé « engagement », ces ‘Kongos’ ont pu commencer une nouvelle vie en Martinique ou en Guadeloupe. Alors les descendants d’aujourd’hui s’enorgueillissent de leur héritage africain et le transmettent fièrement de génération en génération.
Bonnes nouvelles à tous les lecteurs ! En 1848, on a enfin mis un terme à l’esclavage, ce qui a donné aux planteurs des Antilles la possibilité de recruter des travailleurs d’Afrique. Ces recrues, qui étaient environ 600 personnes par bateau, ont apporté avec eux un nouveau mélange culturel. Les descendants de ces migrants, connus sous le nom de « Kongo » en Martinique et Guadeloupe, continuent de faire partie intégrante de la richesse de ces îles.
Une histoire mouvementée, celle des colons des Antilles
Les enfants des ouvriers africains sous contrats abordent leurs origines kongo chacun à leur manière. Ils récupèrent leur histoire et prennent la liberté de se définir par eux-mêmes, en réaction à l’oppression imposée à leurs ancêtres. Certains portent un nom africain, d’autres peuvent ne pas être sûrs de leur lignée, mais revendiquent tout de même leur héritage « kongo ». D’autres encore ont des patrimoines remarquables, comme la famille Massembo en Guadeloupe qui, de génération en génération, pratiquent des coutumes ancestrales en souvenir de leurs ancêtres africains lors d’une cérémonie appelée le grap a kongo.
La force des liens entre l’Afrique et la Caraïbe: découvrez le rôle des gardiens
La vie de Sylvianne n’a pas toujours été facile. Pendant son enfance, elle a été victime de moqueries à cause de son nom de famille et de sa couleur de peau. Mais en grandissant, elle a découvert sa passion pour les rythmes du tambour bèlè hérités des esclaves et les chansons d’artistes africains. Cette passion lui a permis de se reconnecter avec ses origines africaines petit à petit.
De son côté, Éric est un agriculteur dont la famille est originaire du Morne Congo, au centre de la Martinique. L’amour de la terre coule dans ses veines, héritage de ses ancêtres. Il cultive des fruits et légumes sans intrants, suivant les codes du jardin créole. Sa terre est son refuge, sa fierté.
Dans la famille paternelle de Vanessa, on raconte une belle histoire selon laquelle un « homme Kongo se serait allié à son aïeule » dans le sud de l’île après l’abolition de l’esclavage. Comme il n’y a pas de documents attestant cette union dans leurs dossiers, cette anecdote se transmet de génération en génération. Pour Vanessa, le mot « Kongo » ne se rapporte pas seulement à un pays avec des frontières modernes, mais plutôt à un sentiment d’appartenance à une terre lointaine.
Bernard vient de l’île de Marie-Galante en Guadeloupe. Après une recherche minutieuse de sa généalogie familiale, il a ajouté le nom de famille kongo de sa mère au nom de son père. Pour Bernard, l’Afrique est avant tout un symbole de force spirituelle. Dans le documentaire, nous le suivons en République du Congo où il découvre le village de ses ancêtres et rencontre les anciens.
Une cérémonie ancestrale et riche en symbole: « le grap a kongo »
La mère et la grand-mère de Marie-France se sont battues pour organiser la cérémonie du « grap a kongo », un rituel congolais en l’honneur des ancêtres. C’est un truc qui se passe de mère en fille depuis des éons. Alors chaque 1er novembre, la famille de Marie-France honore ses ancêtres avec des chants en langue kikongo (parlée en Afrique centrale). Les années ont passé et, malgré les préjugés initiaux, la célébration de la Guadeloupe a fait son chemin dans le paysage culturel.
Joël, plasticien, explore dans ses œuvres ses origines kongos et, plus généralement, la condition de l’homme noir. Durant son enfance à Marie-Galante, sa grand-mère lui répétait avec fierté qu’elle était Kongo et que les Kongos étaient des travailleurs libres.
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