Or noir de l’île rouge. La récolte de vanille convoitée par des pillards est gardée 24 heures sur 24 par des hommes armés.
Deux mois avant la moisson, armé d’une lance et d’une machette veillait jour et nuit sur ses champs adossés aux montagnes. Autour de lui, des paysans étaient torturés et parfois tués par des maraudeurs de vanille verte. Dans leur village de 3 000 habitants, Andy Landrano, se trouve sur une route isolée d’Andapa au cœur de Sava, la région la plus verte et la plus secrète de l’île, d’où Madagascar tire 80 % de ses précieuses épices. Des hommes et des femmes pieds nus s’accrochent aux arbustes gardant les goustes de vanille pour éviter de glisser sur les collines glissantes. Dix sacs de 20 kilos sont remplis en quelques heures seulement. Une récolte de 200 kg promet un revenu d’environ 15 millions d’ariary soit plus de 3 000 euros. Cela équivaut à un salaire minimum de 51 euros par mois pendant 5 ans… Pas étonnant que le vol de vanille soit devenu un sport local.
Il faut 8 mois et un savoir-faire unique pour transformer la vanille fraîche en l’épice la plus précieuse.
Cependant, on ne plaisante pas ici avec la reine des épices, la plante aromatique la plus chère après le safran. Les deux bras amputés pour vol de gélules ! C’est la punition du voleur dont la photo de la souche enveloppée de lin a été publiée dans « La Gazette de la Grande Île ». Amputation, lynchage… Ce n’est pas bien d’être traqué par des villageois rassemblés par les Forces d’autodéfense.
Le lieutenant-colonel Tiana Andriambo a été dépêché pour mettre de l’ordre dans ce « Far Northeast » contrôlé par le trésorier de Nata. « Nous avons déployé 200 policiers militaires dans la brousse pour sensibiliser et faire acte de présence. Aujourd’hui, le vol de vanille est considéré comme un crime », explique-t-il dans un français parfait. On peut voir qu’il a nettement diminué. Des dizaines de personnes pourrissent encore derrière les barreaux de la prison du comté d’Antalaha.