Des chiens errants, des chiens divaguant, des meutes, des attaques de troupeau. On connaît malheureusement trop bien ce fléau à La Réunion. Des associations et des collectivités alertent l’État depuis des années, mais il ne semble pas y avoir de changement. Toute l’île est concernée par ce problème et devrait se sentir responsable, puisque dans la plupart des cas, ces animaux qui errent ont eu ou ont encore un propriétaire négligent.
La semaine dernière, le mardi 2 mai 2023, Karine Lebon, députée, s’est adressée au ministre des Outre-mer à propos du problème de l’errance animale à La Réunion. D’après la préfecture de La Réunion, en 2020, plus de 73.000 chiens se baladaient dans les rues. Les chiens se regroupaient en meutes afin de survivre et s’attaquaient aux exploitations agricoles, ce qui provoquait un fardeau financier et moral pour les agriculteurs.
Mardi dernier, j’ai eu l’honneur de discuter avec le Ministre des Outre-mer et je lui ai demandé ce qu’il avait prévu pour régler les problèmes d’errance animale à La Réunion et la hausse des tarifs pour le transport des animaux de compagnie.
L’élue a vivement critiqué l’augmentation des tarifs des compagnies aériennes pour les animaux. Ce qui risque d’engendrer plus d’abandons à La Réunion alors que les vacances scolaires approchent. Moment où, selon la DAAF, 80% des abandons ont lieu.
Des chiens divaguent parfois, mais ce n’est pas toujours parce qu’ils n’ont pas de maître.
Malheureusement, c’est principalement dû au comportement des propriétaires. Ils ne veulent pas investir dans leurs animaux de compagnie, et c’est là que le bât blesse, explique Emmanuelle Espérance, qui s’occupe de réduire les déchets et l’errance animale. « Il faut absolument sensibiliser les gens », a-t-elle souligné. Les chiens errants deviennent un vrai problème, selon Eddy Turby. Ils vagabondent dans les rues, et il est donc impossible de savoir à qui ils appartiennent. Si les agents arrivent à capturer le chien, ils le mèneront à la fourrière. Mais très peu d’animaux ont une puce d’identification, et même si c’est le cas, les informations fournies sont souvent obsolètes.
Eddy Turby est très frustré par le fait que peu de gens font des efforts pour retrouver leur chien. Si un animal n’est pas identifié, c’est extrêmement difficile de le ramener chez son propriétaire. Les animaux capturés en fourrière peuvent y rester entre 8 et 10 jours, le temps de trouver leur identité ou leur propriétaire. Une fois ce délai passé, la fourrière se voit attribuer la propriété de ces animaux, en vertu du code rural.
Après avoir été identifié, le chien peut être rendu à son propriétaire. A condition que ce dernier paye les frais de capture et de garde. Mais parfois, le propriétaire ne veut pas le récupérer. Dans ce cas, l’animal peut être euthanasié à l’issue du délai. La société propose toutefois de donner gratuitement les animaux à des associations. Malheureusement, selon le responsable de la Semrre, « il y a trop d’animaux euthanasiés car les associations et fourrières ne disposent que d’une quarantaine de places ».
Quelqu’un était vraiment énervé à propos du comportement négligent de certains.
C’est une véritable problématique à La Réunion : les chiens qui errent ou divaguent et qui, par leur présence, détruisent les troupeaux et volailles des éleveurs. Il y a quelques semaines, les jeunes agriculteurs de l’île ont envoyé une lettre aux collectivités et autorités pour alerter sur la situation. Ces derniers voient leurs troupeaux diminuer et subissent des préjudices à la fois moraux et financiers. Quand bien même ils seraient capables de contrôler la reproduction des animaux, ils sont impuissants face à cette situation.
Un exemple récent a eu lieu dans l’ouest, où des chiens ont attaqué les cabris nains d’une ferme pédagogique. Les Jeunes agriculteurs réclament donc la mise en place d’un plan de lutte avec des actions concrètes.
Les Jeunes Agriculteurs réclament des fonds pour indemniser les exploitants touchés par des pertes et pour la protection des exploitations. Pour venir en aide à ces agriculteurs, le Département a mis en place des aides. Guillaume Charlat, directeur de l’agriculture et de l’eau au conseil départemental, explique : « Le Département intervient pour soutenir les établissements, aider à se procurer du matériel et gérer les problèmes d’errance animale ». Il ajoute que ceux qui sont déclarés peuvent obtenir du financement pour des dispositifs de protection, comme des clôtures. Malheureusement, il n’y a pas d’aide pour les attaques, mais l’État travaille à une stratégie pour gérer ce problème qui affecte les Réunionnais.
Chiens errants ou divagant, ce problème est plus large que ce qui se passe dans les fermes.
Les collectivités font de leur mieux pour capturer les chiens errants. Bien qu’aucune mesure concrète n’ait encore été mise en place. Au TCO, lorsqu’il y a des attaques, « dès que l’on est au courant, on intervient pour essayer de capturer les chiens », selon Emmanuelle Espérance, responsable du service réduction des déchets et errance animale. Eddy Turby, « fait des rondes aux alentours des exploitations qui ont été victimes des attaques ». Mais vu que les animaux ne restent pas longtemps une fois qu’ils ont obtenu ce qu’ils voulaient, le TCO offre des cages pièges aux agriculteurs. « Si ça ne marche pas, on mène des actions nocturnes. »
Pour 2023, l’Ouest veut améliorer leur parc de cages.
Mais le TCO n’est pas le seul à en avoir. La Semrre, qui s’occupe de plusieurs fourrières, propose aussi des cages trappe, un système qui attrape l’animal sans le blesser. De plus, le TCO et la Chambre d’agriculture vont tenter de vérifier les endroits à risque. La collectivité souligne qu’en cas de chien errant, vous pouvez appeler le 0 800 605 605 ou la police municipale. En 2022, ils ont réussi à capturer 1.900 chiens et découvert plus de 2.500 corps de chiens.
En 2022, la Casud a capturé 632 animaux – 8 chats et 33 chiens -, ce qui représente une baisse de 23 % par rapport à l’année précédente. Et, déjà pour 2023, 40 chiens ont été capturés dans la zone qui va de Piton Hyacinthe à l’horloge du Bois Court. Le 13 mars, la Casud a lancé une campagne de stérilisation qui a déjà permis plus de 200 interventions. De plus, le Territoire de la Côte Ouest (TCO) offre une stérilisation gratuite aux gens à faible revenu. Et c’est pas tout : le budget alloué à cette campagne a été multiplié par 10 depuis 2016 !
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