Près de 50 personnes ont fait un voyage organisé pour retrouver leur famille à La Réunion. Des années après avoir été placés en famille d’accueil dans des départements touchés par l’exode rural lorsqu’ils étaient enfants. Un moment magique !
En effet, On les appelle « Les Enfants de la Creuse ». Un nom qui désigne ces 2’000 enfants réunionnais envoyés en métropole entre 1962 et 1984. Un projet initié par Michel Debré, ministre de Charles de Gaulle et député de La Réunion.
Puis, On leur avait dit que leurs enfants partaient en France pour un meilleur futur et qu’ils rentreraient bientôt les voir. Mais en fait, c’est pas vraiment ce qui s’est passé. La plupart n’ont pas revu leurs parents depuis qu’ils sont en métropole.
Daisy Jamain, une soixantenaire. Il est très émue d’avoir participé à ce voyage organisé par la Fédération des enfants déracinés des DOM-TOM. « C’est vraiment génial de revoir mon île ! ». Les 47 adultes qui sont venus à ce voyage sont tellement émus qu’ils n’arrivent même pas à répondre aux questions des journalistes.
Des millions souffrent encore des conditions de vie difficiles
Daisy Jamain a vécu la séparation de sa fratrie à son arrivée en France. Elle n’est pas remplie de ressentiment, mais elle aimerait que l’État présente des excuses pour avoir « fait souffrir autant d’enfants innocents ».
Jacques Dalleau, 71 ans, a vécu l’exploitation dans sa famille d’accueil. Il raconte avoir travaillé « comme un esclave » dans une ferme de la Creuse. Marlène Ouledy, 53 ans, n’a pas connu sa famille jusqu’à l’âge de 9 mois. Elle s’est sentie arrachée à son foyer et ne peut que remarquer à quel point on ne peut pas « transplanter » un enfant ainsi. « C’est comme une plante ou une fleur, mais pas avec un être humain », affirme-t-elle.
Elle a été la victime de violences dans sa famille d’accueil: « on me frappait, je devais manger la tay (« excrément » en créole réunionnais, ndlr) et il n’y avait pas du tout de contrôle des assistantes sociales », raconte-t-elle. A l’âge de 25 ans, elle découvre que ses parents maternels l’ont recherchée. Elle a réussi à retrouver sa mère et ses frères et soeurs. Mais pas son père qui était décédé entre temps.
En 2014, l’Assemblée nationale a voté une résolution qui reconnaissait la « responsabilité morale » de l’État français dans des exils forcés. C’était vraiment l’occasion pour le pays de reconnaître sa part de responsabilité dans cette triste histoire. Selon Valérie Adanson, porte-parole de la Fédération des enfants déracinés des DROM. Il serait bien de posséder un lieu de mémoire dans la Creuse et que notre histoire soit étudiée dans les livres scolaires.
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