Des semaines de rassemblements, d’arguments sans fin et de blocages des institutions démocratiques plus tard, Emmanuel Macron a finalement réussi à faire adopter sa réforme des retraites ce lundi 20 mars 2023. La population exprime sa colère en manifestant dans les rues de l’Hexagone depuis le recours à l’article 49.3. Un embrasement de la colère qui pourrait bien se produire. Les syndicats sont prêts à se battre en dépit du rejet des motions de censure.
Emmanuel Macron s’est montré à la hauteur de son rôle de monarque absolu, et son coup de force a fait des étincelles en France. Sa réforme a été validée, mais les manifestations contre elle sont loin d’être terminées. La démocratie a été bafouée, car même si le 49.3 est légal, ça ne le rend pas moins anticonstitutionnel.
E.Macron a réussi à faire passer son plan contre l’avis de beaucoup de membres du gouvernement, notamment Elisabeth Borne et Gérald Darmanin. Ces ministres s’étaient préparés à aller au vote, même en sachant qu’ils risquaient de perdre, ce qui fait partie du jeu de la démocratie.
Macron a pris le risque de déclencher le 49.3, même s’il n’avait pas la majorité des voix de l’Assemblée pour voter cette réforme. La Première ministre a dû l’admettre ce soir-là, le 49.3, alors qu’elle était à l’antenne sur TF1 : « Le compte n’y était pas ». Et plutôt que d’accepter la décision de l’une des institutions les plus importantes de la République, le chef de l’Etat a choisi de s’entêter.
Le Président s’est attaqué aux syndicats aussi, qui ont maintenu leur position tout au long de la mobilisation et qui sont des piliers du dialogue social en France.
LA CFDT
Le Président a même réussi à éloigner la CFDT, qui est d’habitude plus ouverte que d’autres syndicats. Malgré tout, Laurent Berger, le secrétaire général, a dit que « la tentation de violence, de radicalité et de politisation est très présente ».
Il a réussi à imposer sa réforme malgré le fait que 70% de la population s’y soit opposée (allant même jusqu’à 93% des actifs !).
Alors, qu’est-ce qui nous attend ? Le Président a réussi à faire monter la pression à travers le pays avec des jeunes, des mères et des pères de famille prêts à aller jusqu’au bout, ce qui crée une immense colère.
Le président en place a déjà généré une grande vague de mécontentement en 2018, lorsqu’il a annoncé la hausse des prix des carburants, et les Gilets jaunes ne lui ont pas pardonné. Visiblement, il n’a pas appris grand-chose de cette crise qui était pourtant très importante.
Après des semaines de démonstrations pacifiques sans obtenir le dialogue social espéré, peut-être est-il temps de passer à des actions plus « bordéliques », comme l’a suggéré Gérald Darmanin. Les Français, qui se sentent méprisés, se disent maintenant : « Le gouvernement va nous entendre ! »
MANIFESTATIONS
Des manifestations « sauvages », des sabotages, des affrontements avec la police, des incendies, de gigantesques barrages… Emmanuel Macron peut être fier d’avoir sciemment attisé la colère des Français.
La colère des gens va bien plus loin que la seule réforme des retraites. Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, a saisi cette réalité et déclaré qu’il y a plus que ça qui se cache derrière cette colère. Il a dit « la colère dépasse le simple fait de la retraite ».
Alors, qu’est-ce qu’on pouvait s’attendre à voir dans ce contexte ? Des violences ? Eh bien, Emmanuel Macron les a déjà clairement et férocement exercées ! Il se prend pour un président divin ? Alors à lui de gérer les conséquences de sa décision imposée. Car la plus grave des formes de violence est de s’opposer à une partie du gouvernement, du Parlement, des syndicats et du public.
Est-ce vraiment une surprise que la réaction soit aussi forte que l’attaque ? L’histoire nous a enseigné que : La désespérance peut vous pousser à tout, et parfois à la pire des extrémités.
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