La lutte contre la lèpre et ses effets dévastateurs sur l’organisme, si la maladie est traitée trop tard. Cela est aussi et surtout liée à l’éducation et à la sensibilisation des malades : leurs membres, leur peau ont désormais des besoins particuliers. A Madagascar, la Fondation Raoul Follereau, présente sur l’île depuis 1987, a créé des protocoles spécifiques pour aider les patients guéris ou en cours de traitement à prendre soin et protéger leur peau. La protection, qui comprend également le choix des bonnes chaussures. Depuis cinq ans, la fondation forme d’anciens bénéficiaires à la fabrication de chaussures et à la fabrication de semelles orthopédiques. Dans l’un des centres soutenus par Follereau et soutenus par les Filles de la Charité.
Fabrication de prothèses orthopédiques pour patients lépreux à Madagascar.
Le Dr Bertrand Cauchoix réalise un test de sensibilité sur les pieds de Manolosoa dans l’atelier de chaussures installé en contrebas des cabinets de consultation. Il appuie avec le stylo sur les différentes zones de sa semelle : « Donc tout le pied n’est pas sensible. Donc le gros risque pour ce monsieur c’est qu’il marche pieds nus. Par exemple, s’il a un clou dans sa chaussure, s’il marche sur le silex, il se blessera et ne comprendra pas. Et le grand danger, c’est qu’il développe des abcès plantaires et que nous devions amputer progressivement. Ce que nous voyons chez les personnes âgées atteintes de la lèpre est le résultat de ces choses. »
Ainsi, pour éviter ces complications dramatiques, la Fondation Raoul Follereau a organisé des formations sur la fabrication de semelles orthopédiques thermo formables, permettant aux patients de protéger leurs pieds avec des dispositifs adaptés à leur handicap.
Après découpe de l’empreinte sur la plaque de plastozote, le matériau est chauffé pour se ramollir et se mouler selon la morphologie du pied du patient.
« Ma joie, c’est de pouvoir aider mes frères' », raconte le cordonnier. J’ai vécu ce qu’ils ont vécu. Et ce travail est un bon revenu secondaire pour moi. »
Une vieille chaussure médicale se trouve sur l’étagère derrière Martial, un rappel d’une époque révolue, explique l’infirmière Johany, directrice de la Clinique de la lèpre. Les patients n’aiment pas ça. Comme vous pouvez le voir, ce sont toujours des chaussures bizarres, pas des chaussures normales. Mieux vaut acheter de vraies chaussures. Ensuite, mettez des semelles personnalisées. Extérieurement, nous ne savons pas qu’ils sont malades. Donc pas de discrimination. »
Manolosoa est arrivé pieds nus, elle a fait un pas hésitant hors de la pièce, a mis une paire de belles chaussures de course bleues et sa démarche était plus sûre.