Les membres du groupe parlementaire de Liot, dépourvus de droit de vote, ont été contraints de retirer leur proposition jeudi, suite à une séance chaotique où les opposants ont accusé le camp présidentiel de « refuser la démocratie ».
Même si la réforme des retraites promulguée en avril, la proposition d’abrogation a maintenu l’espoir des opposants. Malheureusement, le texte du groupe indépendant Liot n’a pas reçu l’aval de la majorité et sa mesure principale retirée. Le député guadeloupéen Olivier Serva a annoncé : « Nous avons décidé de retirer notre proposition de loi, car nous voulons être respectueux du processus démocratique et avons demandé un vote dans l’hémicycle. La minorité présidentielle a pris une autre décision. » Il a ensuite ajouté : « Ils ont privé le parlement de deux droits essentiels C’est un refus démocratique. S’ils n’ont pas procédé aux votes, c’est parce qu’ils savaient qu’ils allaient échouer ». La cible des mécontentements des opposants est la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, qui a bloqué mercredi l’examen de la mesure d’abrogation, considérée comme inconstitutionnelle, car elle engendre une charge pour les finances publiques.
L’élue de La Réunion, Nathalie Bassire : « Aujourd’hui, on peut tout imposer avec des tactiques procédurales, juridiques et législatives, même un texte rejeté par des millions de personnes. C’est incroyable ce que nous vivons. Jamais vu ça sous la 5ᵉ République. »
Charles de Courson, du groupe Liot, a mis en garde contre les conséquences néfastes de la réduction du nombre de parlementaires
-indifférence à l’égard de nos institutions, et même, dans les cas les plus graves, haine et violence. Olivier Dussopt, ministre du Travail, a qualifié la proposition de loi des défenseurs du texte, de la NUPes au RN et quelques LR, de « quasiment nihiliste » et « dénuée ». Il leur a lancé : « Vous n’avez pas de projet de rechange partagé, vous n’avez pas d’autre solution que de démissionner ! »
Dans un hémicycle agité, la séance avait commencé par un rappel des règles à Mme Braun-Pivet. Le chef des députés communistes André Chassaigne avait lancé, d’un ton imposant : « Vous faites du tort, vous écrasez la démocratie parlementaire ». Le président de la commission des Finances, Eric Coquerel, avait, de son côté, dénoncé « des décisions politiques et partisanes, sur instruction du pouvoir exécutif ».
Eric Woerth, du côté présidentiel, a répliqué : « Le tumulte constitutionnel souhaité par Liot et LFI, voilà ce qui est vraiment une offense à la démocratie ». La dirigeante du Groupe RN, Marine Le Pen, s’est également exprimée en faveur du texte : « Vous redoutez le peuple » et « votre réforme des retraites est illégitime », a-t-elle dénoncé. « Nous vivons aujourd’hui une fracture démocratique majeure », a estimé Mme Le Pen.
La constitution
Depuis la tribune, Mme Braun-Pivet, d’origine macroniste, a clairement déclaré : « La Constitution est ma seule mission. La proposition visant à rétablir l’âge légal de départ à 62 ans a été initialement bloquée en commission en raison d’un vote serré, avant d’être réintroduite par des amendements. La gauche et Liot espéraient inverser la tendance dans l’hémicycle. Cependant, « face à la colère, à l’inquiétude et à l’incompréhension que nous avons essayé de faire passer ici, vous avez opté pour la force », a dénoncé Bertrand Pancher, le chef des députés Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (Liot), en brandissant une Constitution. La porte-parole des Insoumis, Mathilde Panot, a exprimé son intention de soumettre une motion de censure contre le gouvernement. Celui ci devra encore être débattue au sein de la Nupes.
Le député Nupes de Guyane, Jean Victor Castor, est disposé à signer une motion et attend qu’il y ait une réaction plus forte des parlementaires qui s’opposent à la réforme.
Il a déclaré que « face à une crise politique aussi intense, nous ne pouvons nous contenter de gestes minimes ». Le groupe RN pense aussi à déposer une motion. Même adoptée, la proposition d’abrogation n’aurait pas de chance d’avoir une approbation légalement aux yeux des macronistes. Ils s’inquiètent cependant du message qu’une victoire des oppositions pourrait envoyer.
Après cette séquence parlementaire et deux jours après une 14e journée de mobilisation sociale à la participation plus faible en cinq mois, le gouvernement espère tourner la page des retraites. Une seule note d’harmonie jeudi : les députés ont gardé une minute de silence à cause de l’attaque au couteau à Annecy causant cinq blessés, dont quatre jeunes. La présidente des députés Renaissance, Aurore Bergé, a trouvé que la « bataille de chiffonniers » dans l’hémicycle paraissait « complètement déconnectée du sentiment d’effroi » dans le pays, ce qui a suscité la colère des oppositions.
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