La visite du président en Afrique centrale devait marquer le début de notre “nouvelle stratégie” sur le continent. Elle a surtout mis en évidence les tensions existantes.
Emmanuel Macron a affirmé que la France n’avait plus de pré carré en Afrique. Mais des obligations, des intérêts et des amitiés lors de son déplacement en Afrique qui se déroulera du 1er au 4 mars. Alors, le 18e voyage se concentre sur Libreville au Gabon, Luanda en Angola, Brazzaville au Congo et Kinshasa en République démocratique du Congo (RDC).
Le président João Lourenço s’associe à TotalEnergies pour sa première cible. Qui n’est autre que le dernier bastion francophone, chrétien (majoritairement catholique) et franco-amical du continent, à l’exception du pré carré portugais.
Pendant des années, la Chine a été le principal investisseur étranger dans une région riche en ressources naturelles.
Toutefois, cette partie de l’Afrique n’a pas connu l’omniprésence des forces. Qui affaiblissent nos positions ailleurs. La Chine est le premier investisseur étranger dans cette région très riche. Le Gabon fait désormais partie du Commonwealth. On parle aussi de l’arrivé, des rumeurs. Selon lesquelles la milice russe Wagner soutiendrait la RDC dans ses défis sécuritaires. Pour le moment, elles sont infondées. Il est grand temps de reconnaître ce partenaire loyal. On accuse l’Élysée d’avoir accordé plus d’attention aux grandes métropoles anglo-saxonnes. Dont le bénéfice était plus aléatoire, au cours des dernières années. Alors que la guerre et la récession les concernent tout autant.
En suite, Emmanuel Macron s’est rendu en Afrique pour illustrer sa vision d’« autre voie ». Qu’il avait exposé en 2017 dans son discours à Ouagadougou. Et qui visait à rompre avec les accords militaires bilatéraux. Le but de cette tournée est de promouvoir des « partenariats de qualité, réciproques et responsables » . Et de s’assurer que l’Afrique « reste arrimée » à la croissance mondiale. Alors, les habitants des rues africaines ont compris. Le président français était venu soutenir ses alliés lors de sa visite. Ali Bongo, âgé de 64 ans et président du Gabon depuis 2009, devrait briguer un nouveau mandat en août.
Bien que le président Félix Tshisekedi, âgé de 59 ans, dirige la République démocratique du Congo depuis 2019, les élections générales de décembre s’annoncent difficiles pour lui. Même si Emmanuel Macron a discrètement rencontré son principal adversaire. Le mandat du sortant s’est avéré infructueux pour ramener la paix dans l’est du pays. Qui est déchiré par les guérillas depuis des années. La reprise des activités par le M23. L’un des plus célèbres groupes armés parmi les centaines qui sévissent dans l’Ituri, le Nord-Kivu et le Sud-Kivu.
Dont une branche de l’État islamique, en novembre dernier, a mis la métropole régionale de Goma en danger. Les experts craignent un embrasement généralisé et des massacres ethniques à grande échelle.
Tshisekedi, le premier Congolais à accéder à la présidence, n’était pas lié par la parenté à la population tutsie du Rwanda. Dont le président Paul Kagame est à l’origine et manipule les rebellions de l’Est. Ces dernières exploitent les ressources du sous-sol, notamment le coltan, dont le prix est en hausse. Les rivalités et la sauvagerie des « colonnes infernales » sont à l’origine des milliers de morts dans cette région où la population est galopante. Des abus sont documentés par l’ONU et les ONG. Mais l’Occident est fasciné par Kagame et regarde ces exactions d’un œil indifférent.
En effet, les spécialistes s’inquiètent de la possibilité d’une guerre à grande échelle et des massacres ethniques ; un nouveau Rwanda… Emmanuel Macron a essayé de relancer la médiation régionale à un moment. Où elle s’est arrêtée et a annoncé l’envoi d’un pont aérien humanitaire vers Goma. Des slogans sur les murs de l’ambassade de France ou sur les réseaux sociaux exhortaient le président français à ne pas s’approcher : « Va à Kigali chez ton ami. Sinon les Congolais t’attendront avec des lances ». Donc, cette année, il a mis fin à la rupture. Qui existait entre la France et le Rwanda depuis le génocide de 1994. En Afrique, Paris est à nouveau apprécié.
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