L’attaque au véhicule bélier visant le domicile du maire de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) a suscité, dimanche, une indignation sans faille. La grand-mère de Nahel, décédé après cinq nuits de troubles, a demandé à ce que la paix revienne. Dimanche soir, l’apaisement était enfin perceptible. Emmanuel Macron a annoncé qu’il rencontrerait mardi les 220 maires ayant fait face à des violences.
Le ministère de l’Intérieur annonçait 78 interpellations sur l’ensemble du territoire à 1h30, sans que des incidents majeurs n’aient été signalés. 20 personnes avaient été arrêtées à Paris et en banlieue à cette même heure, selon la préfecture de police. L’incident qui a visé le maires de L’Haÿ-les-Roses, une commune à proximité de Paris, a eu un impact considérable. Cela faisant ainsi passer au second plan le déclin des actes de violence observé dans les deux derniers nuit. Suite aux récents événements, qui ont abouti à une flambée des agressions commises contre les élus, les habitants sont appelés à se réunir lundi à 12h devant chaque mairie en France.
Emmanuel Macron doit s’entretenir lundi avec les présidents des deux chambres. Le mardi suivant, avec les maires de plus de 220 communes ayant connu des violences. Il a également demandé à sa Première ministre de rencontrer les présidents des groupes parlementaires le lundi.
Le président de la République souhaite, en parallèle, « entamer une analyse approfondie et à long terme pour mieux saisir les causes qui ont mené à ces événements », a déclaré l’Elysée.
Dans les cinq nuits de violences qui se sont étendues jusqu’à dimanche, le bilan est terrible : 5.000 véhicules incendiés, 10.000 poubelles en feu, plus de 1.000 bâtiments endommagés ou détruits, 250 attaques contre des commissariats ou des casernes de gendarmerie et plus de 700 forces de l’ordre blessées…
« Confiance en la justice »
Après cette soudaine vague de violences sur une grande partie du territoire, les appels au calme commenceraient-ils à porter leurs fruits? Dimanche après-midi, la grand-mère de l’adolescent tué mardi lors d’un contrôle routier à Nanterre a lancé un message aux émeutiers. Elle a fait appel à la raison et à la sagesse.
Nadia a exprimé sa « fatigue » et sa « dévastation » face à ces actes de violence, en appelant à ce que les vitrines, les écoles ne soient pas touchés. Elle a soutenu que le policier responsable de la mort de son fils devrait répondre de ses actes. « comme tout le monde » et a affirmé sa « confiance en la justice ».
Un cap a été franchi hier dans l’agression qui a touché le premier magistrat de L’Haÿ-les-Roses. Une voiture-bélier chargée de produits incendiaires a pénétré dans l’enceinte de son domicile alors qu’il était à la mairie. Les responsables politiques ont exprimé leur inquiétude et le parquet de Créteil a ouvert une enquête pour « tentative d’assassinat ».
Mélanie Nowak, l’épouse de Vincent Jeanbrun (LR) s’est blessée en prenant la fuite avec ses deux jeunes enfants. Elle s’est fracturé le tibia et a dû être hospitalisée pour être opérée.
Ils voulaient incendier la maison
« Il ne fait aucun doute qu’ils voulaient incendier la maison », a révélé Vincent Jeanbrun . Et même quand ils ont compris qu’il y avait quelqu’un à l’intérieur, loin de s’arrêter, ils ont lancé une folle salve de tirs de mortiers d’artifice.
Il n’aurait jamais pensé que sa famille serait menacée de mort, exprimant sa colère et appelant à un « sursaut républicain ». Dimanche, la mairie de Charly a dévoilé la découverte d’un mécanisme pour provoquer un incendie dans la maison du maire.
Dispositif massif maintenu
C’est la troisième nuit consécutive où un dispositif massif est maintenu, avec 45.000 gendarmes et policiers mobilisés. Des blindés légers sont déployés à Marseille et le RAID à Lyon, où l’unité d’élite a été confrontée à quelques projectiles, selon les informations communiquées par la préfecture.
Une vidéo amateur qui démentait le récit initial des policiers a choqué jusqu’à la plus haute instance de l’État. Elle a donc embrasé le pays et a résonné même à l’extérieur de la France. Suite au tir à bout portant d’un motard et à la mort de Nahel à Nanterre.
De nombreuses nations européennes, y compris le Royaume-Uni, ont donc mis à jour leurs recommandations aux voyageurs, les invitant à éviter de se rendre dans les zones affectées par les violences. Le chancelier allemand Olaf Scholz a alors exprimé dimanche son inquiétude face aux émeutes en France.
L’explosion de violences et la rage des jeunes des quartiers populaires, face aux violences policières ou à l’Etat, nous ramène aux émeutes qui avaient secoué la France en 2005, après la mort de deux adolescents pourchassés par les forces de l’ordre.
Une période de trois semaines, qui a vu l’incendie de plus de 200 bâtiments publics, la destruction de 10.000 véhicules et l’interpellation de près de 5.200 personnes, s’est écoulée.
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