La présidence des Comores à l'Union africaine est une occasion en or pour la France.– La Réunion TV

La capitale française a soutenu l’ascension de ce petit pays insulaire de l’océan Indien par le biais d’une pression sur le Kenya pour qu’il se retire de la course. Le président des Comores étant un habitué des rencontres à l’Élysée, la France a apprécié sa position contre l’invasion russe de l’Ukraine.

La présidence des Comores à l’Union africaine est une occasion en or pour la France.

Malgré sa petite taille, les Comores avec ses moins d’un million d’habitants s’est retrouvée à la tête du continent. Azali Assoumani a été élu samedi 18 février Président en exercice de l’Union africaine (UA). C’est la première fois qu’un pays insulaire à faible influence sur la scène internationale est confié à un tel degré de responsabilité.

Youssouf Assoumani, l’ambassadeur comorien auprès de l’UA, a affirmé que cette position souligne que les îles africaines apportent une contribution essentielle et sont entièrement légitimées au sein des affaires du continent. Jusqu’à présent, les grandes nations africaines ont été les principaux bénéficiaires de la présidence tournante.

Malgré le renforcement des effectifs de l’ambassade des Comores à Addis-Abeba, beaucoup de diplomates s’interrogent sur la capacité de l’archipel à réussir cette tâche.

La possibilité pour Moroni d’occuper le poste de président en 2023 aurait pu se volatiliser à la dernière seconde. Le Kenya, qui fait partie de la même région qu’elle et qui était aussi un concurrent pour la présidence, a longtemps présenté sa propre candidature.

Nairobi a finalement accepté de retirer sa candidature suite à des négociations et à une demande discrète de la part de la France. Paris a agi en coulisses pour freiner les ambitions de William Ruto, récemment élu président du Kenya, et donner l’opportunité à l’archipel de faire partie du jeu.

Les Comores ont l’opportunité d’agir en tant que médiateur et de transmettre des messages, en particulier au Sahel où le Mali est en conflit avec la France, selon un responsable comorien.

La proximité entre les deux capitales explique pourquoi la France est intéressée par la perspective d’une présidence comorienne. Cela se voit à travers les nombreux voyages à l’Élysée du président Azali Assoumani au cours des trois dernières années, cinq fois en tout.

Une source comorienne a fait savoir que la France cherchait à éviter les dissensions au sein de l’UA. Les Comores peuvent, par ailleurs, s’avérer un médiateur important. Elles pourraient transmettre des messages, notamment en ce qui concerne les difficultés entre le Mali et la France dans le Sahel.

En plus de sa médiation, le fait que Moroni se soit ouvertement opposé à l’intervention militaire russe en Ukraine est perçu par Paris comme un avantage. Car il est l’un des rares pays africains à avoir pris cette position. La majorité des pays du continent ont choisi de ne pas s’aligner.

Les deux villes sont liées par une crise complexe entourant l’île française de Mayotte. Que Moroni considère comme faisant partie intégrante de l’archipel des Comores. Lors de son discours devant l’Assemblée générale des Nations unies l’année dernière. Le président Assoumani a rappelé que l’île de Mayotte était comorienne. Et qu’elle avait été enlevée à la souveraineté des Comores il y a plus de quarante ans.

Une connexion intime avec Paris.

La présidence des Comores à l’Union africaine est une occasion en or pour la France.

En 1976, alors que les trois autres îles de l’archipel ont voté pour l’indépendance. Mayotte a choisi de rester dans le giron français. Cependant, les Nations unies, estimant que ce vote était nul et non avenu. Ils ont réclamé à plusieurs reprises, par le biais de résolutions non contraignantes. Le retour de l’île aux Comores. Malgré les appels de l’ONU, la France s’est engagée à offrir une aide financière et politique à l’archipel.

La relation franco-comorienne souffre d’une certaine ambiguïté, ce qui exaspère les Mahorais. Estelle Youssouffa, députée LIOT de la première circonscription de Mayotte. S’est insurgée contre la « relation malsaine et incestueuse » entre la France et les Comores. Qui se fait aux dépens de Mayotte.

Mayotte est la variable d’ajustement de la politique des Comores. Un projet de revendication territoriale qui fait appel aux migrations pour obtenir ce qu’il veut.

« L’île aux parfums » est à la fois le département français le plus pauvre et l’endroit confronté à la situation migratoire la plus critique. En 2019, l’Insee a révélé que près de la moitié de la population de Mayotte était d’origine étrangère. Principalement originaire des Îles Comores.

Les Comores ont souvent recours à la mise en avant de leur souveraineté sur Mayotte pour conserver une certaine ascendance sur Paris. Moroni s’est même opposé à l’accueil des personnes renvoyées à ses frontières. Soutenant que les Comoriens ont leur place à Mayotte.

La présidence des Comores à l’Union africaine est une occasion en or pour la France.

L’année 2022 a vu le retour de 25 380 migrants comoriens aux frontières avec l’approbation de Moroni. La ministre des affaires étrangères, Catherine Colonna, a affirmé à l’Assemblée nationale en 2022 qu’il était nécessaire d’entretenir des « bonnes relations avec les Comores (…) pour atténuer la pression migratoire sur Mayotte ». Un rapport sénatorial de 2021 suggère d’intensifier la collaboration diplomatique avec l’Union des Comores afin de réduire le nombre de migrants illégaux vers Mayotte.

Le lundi 23 janvier, des députés, des membres du conseil départemental. Des associations de maires, des syndicats et des mouvements patronaux de l’île étaient présents. Dans leur article publié dans Le Monde. Ils critiquaient la politique d’accommodement de la France avec les Comores et accusaient le gouvernement français de financer les Comores et de négliger Mayotte.

La présidence des Comores à l’Union africaine est une occasion en or pour la France.

Appui à Sergueï Lavrov

L’Hexagone a prévu d’investir massivement dans l’archipel. Avec l’Agence française de développement qui s’est engagée à injecter 150 millions d’euros sur une période de trois ans. La France finance 40 % du budget (1,4 million d’euros) de la Commission de l’océan Indien (COI). Cependant, afin de ne pas heurter les Comores, Paris a décidé de participer à la COI uniquement au titre de La Réunion en excluant Mayotte.

Selon Estelle Youssouffa, le Quai d’Orsay risque des conséquences fâcheuses si Azali Assoumani prend la parole à l’UA pour exprimer ses griefs envers Mayotte. Dans ce contexte, les revendications comoriennes ont étonnamment été soutenues.

Les revendications comoriennes ont récemment reçu une aide inattendue. Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Russie, s’est impliqué dans le débat. Le 3 février, le ministre des affaires étrangères russe a souligné . La France garde l’autorité et la souveraineté sur l’île comorienne de Mayotte. En dépit des multiples résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies qui l’exhortent à la restituer aux Comores.

La présidence des Comores à l’Union africaine est une occasion en or pour la France.

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