Une étude récente de l’Institut des politiques publiques, sortie ce vendredi 12 mai, a démontré que les bénéficiaires de l’AME qui cherchent à prendre rendez-vous chez un médecin sont souvent confrontés à des refus discriminatoires.
Pour un certain nombre de Français, trouver un rendez-vous médical non urgent avec un généraliste, un ophtalmologue ou un pédiatre peut être compliqué. Mais pour les bénéficiaires de l’Aide médicale d’État (AME) vivant dans une situation irrégulière, c’est presque mission impossible. Des refus de soins sont malheureusement réguliers, comme l’a révélé l’étude de l’Institut des politiques publiques.
Des chercheurs ont mené un gros test téléphonique pour vérifier si les personnes à faibles revenus et les étrangers en situation irrégulière bénéficient d’un accès aux soins de santé équitable. Entre mars et septembre 2022, ils ont appelé plus de 3 000 médecins pour obtenir des rendez-vous médicaux non urgents. Ils ont comparé le taux et le délai pour obtenir des rendez-vous selon le profil des patients – bénéficiaires de la Complémentaire santé solidaire (CSS) pour les personnes sans ressources, bénéficiaires de l’Aide médical d’Etat pour les étrangers en situation irrégulière et des patients de référence ne bénéficiant d’aucune de ces deux aides.
Entre 14 % jusqu’à 36 % de probabilités de moins de pouvoir obtenir un rendez-vous.
Obtenir un rendez-vous chez le médecin est pas une mince affaire. Seulement la moitié des patients qui en font la demande pour des raisons pas urgentes y ont accès. En moyenne, il faut passer par 4 appels pour contacter un cabinet médical. Et même si t’as de la chance, ça peut prendre plusieurs jours : les généralistes offrent des rendez-vous en 8 jours en moyenne, mais les pédiatres prennent jusqu’à 25 jours et les ophtalmologues peuvent en prendre plus de 55 !
Les résultats d’une étude réalisée en 2019 indiquent que les bénéficiaires de la Couverture maladie universelle complémentaire (CSS) ont maintenant autant de chances que les patients de référence d’accéder aux soins. L’unification de la Couverture maladie universelle complémentaire et de l’Aide à la complémentaire santé en novembre 2019 et l’introduction de la pratique du tiers payant ont ainsi réduit les refus de soins discriminatoires à seulement 1 à 1,5 % des cas. La simplification des procédures pour les professionnels de santé a permis aux bénéficiaires de la CSS de profiter d’un meilleur accès aux soins.
Contrairement aux bénéficiaires de l’AME, qui doivent appeler environ 1,3 fois plus pour prendre un rendez-vous médical, leurs chances d’avoir un rendez-vous chez un généraliste sont entre 14% et 36% plus faibles, chez un ophtalmologue entre 19% et 37% plus faibles et chez un pédiatre entre 5% et 27% plus faibles, peu importe le genre et le secteur d’exercice.
Les médecins sont déjà sous pression.
D’après une étude, une minorité des praticiens font preuve de discrimination envers les personnes bénéficiaires de l’AME, refusant leurs demandes de rendez-vous. Chez le généraliste, 4% des demandes de rendez-vous rejetées, 7% pour les pédiatres et 9% pour les ophtalmologues. En gros, cela représente 1 refus sur 10 qui est clairement discriminatoire.
Pourquoi existe-t-il une telle discrimination envers les personnes à faible revenu ou vulnérables ? Les chercheurs pensent que les professionnels de la santé s’attendent à des soins complexes pour les individus sans statut régulier et qui ne parlent pas bien la langue. Ils redoutent aussi le surplus de travail administratif que cela peut impliquer, car ces personnes n’ont pas la carte vitale. Bref, pour des médecins déjà très occupés, c’est un vrai casse-tête.
Le Défenseur des droits a rappelé aux médecins que le refus de soins discriminatoire envers un bénéficiaire d’une aide ciblée, en raison de sa vulnérabilité économique, est un délit selon la loi et une violation de la déontologie et de l’éthique médicale. Inacceptable !
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