Au deuxième jour du procès du meurtre de Vanina, un grand moment de surprise a eu lieu. L’accusé s’est excusé auprès de la famille de la victime et a demandé leur pardon. Il a dit qu’il était désolé pour les insultes qu’il a proférées contre les juges et la France durant l’instruction. Et devant la chambre d’instruction
Ridaï-Mdallah Mari est assez difficile à comprendre: il n’a pas montré de regret le premier jour de son procès en appel, mais le jour suivant, il a dit aux proches de Vanina qu’il espérait un jour qu’ils le pardonneraient. Une fois n’est pas coutume! La présidente a ensuite mené l’interrogatoire. L’accusé a alors expliqué sa rencontre avec Vanina, le voyage à Mayotte et son retour à La Réunion juste avant le meurtre. Tout ça, à travers les questions de la juge. Pour pouvoir parvenir à la scène du crime, la présidente a eu besoin d’une bonne dose de tact et d’autorité. C’est qu’il faut dire, l’accusé est pas mal du genre à diviser les choses en deux et à parler et parler sans jamais s’arrêter.
Ridaï-Mdallah Mari a encore fourni des déclarations qui ne collent pas avec celles fournies pendant l’audience. Il a mentionné un crime passionnel, prétendant que Vanina voulait le quitter. Une fois de plus, il semble que ses déclarations ne sont pas cohérentes. Il a dit qu’il n’avait pas de projet de couple avec elle, et qu’il n’avait pas eu de coup de foudre. Mais dès que la présidente a lu à haute voix ses déclarations, il a rapidement changé d’avis et a avoué: « J’ai tout inventé. » Je devais trouver une façon de m’en sortir sans aller en hôpital psychiatrique et ils voulaient me faire passer pour un fou. Mais j’ai dit la vérité en garde à vue, et c’est ce qui compte.
Une mystérieuse histoire de contrôle mental
La présidente a finalement réussi à trouver le point de départ de son action : « Elle est arrivée chez moi à 10h30 et on a passé toute la journée ensemble, puis elle m’a dit qu’elle devait partir à 16h. » Je regardais la télé et la gendarmerie m’a appelé, ça m’a mis en rogne. J’ai eu l’impression que quelqu’un voulait contrôler mon esprit, entre les appels de la famille et de la police. Et puis, elle a décidé de rester et on s’est allongé sur le lit.
On était en train de parler et on a fini par s’endormir. Ce soir-là, j’ai senti qu’il y avait quelque chose de bizarre, j’suis soudainement réveillé et j’avais l’impression que je me transformais. J’lui ai dit : « T’es à l’origine de tout ça, t’es le diable ». Et puis d’un coup, j’ai entendu un grand bruit et l’armoire s’est écroulée, les étagères sont tombées et tout s’est retrouvé en vrac dans le salon. Alors je me suis levé et j’ai attrapé mon couteau ! L’accusé a raconté l’horrible suite avec une froideur glaçante, en recréant par des gestes précis ce qui s’était passé. La famille et les membres du jury sont restés bouche bée. Malheureusement, tout le monde connaît la suite.
Vivre sans regret : parcourez le monde sans limites !
Lorsque Me Saubert, l’avocat des plaignants, a commencé à poser des questions, l’ambiance est devenue un peu tendue entre les deux hommes. Le type sous le feu des projecteurs se retrouve confronté à ses propres mensonges, grâce à l’avocat à la robe noire qui le met à rude épreuve : « Tu regrettes ? Quoi, tu regrettes ? Pourquoi diable as-tu tué cette personne ? Me Saubert lance : « Vous êtes le seul qui reste pour témoigner, elle, elle n’est plus là ! Vous pigez ça ??? ». La réaction de l’accusé n’a pas traîné. Il a regardé l’avocat avec fierté et lui a dit de sa manière : « Je ne regrette rien ! Si je devais le refaire, je le referais. Pas de regrets d’avoir tué le diable. »
Après ça, on a eu des témoignages de différents spécialistes psychiatres et psychologues. Ils ont principalement discuté de l’état psychologique du condamné au moment des faits. Les experts ont procédé à leurs examens en mai et juin 2018 pour les premiers, et en octobre 2019 pour les derniers. D’après eux, l’accusé est une personne à l’intelligence moyenne, affichant un narcissisme et une mégalomanie prononcés. Les spécialistes sont unanimes sur la présence d’une manie délirante, d’une hypomanie et d’une paranoïa, mais leurs conclusions varient beaucoup.
« M. Mari n’est pas quelqu’un que l’on peut qualifier de normal »
Selon le premier psychiatre, le défendeur n’avait pas les capacités de discerner son action au moment des faits et lors de l’audience. Il suggérait qu’une hospitalisation était nécessaire. Il est possible que c’est à cause de la rencontre avec la victime que la décompensation est intervenue. M. Mari n’est pas considéré comme une personne « normale » selon le témoignage d’un spécialiste à la cour, principalement en raison de sa maladie mentale liée aux troubles de l’humeur.
Au final, le deuxième psychiatre a dû reconnaître que l’altération du discernement était bien présente. Ce qui a été confirmé lors de l’audience : « Ce n’était pas facile à dire, mais j’ai conclu qu’il a clairement des problèmes qui altèrent son discernement ». Le psychiatre conclut que même à l’instant de l’acte il y avait une certaine prise de conscience.
La loi est claire à ce sujet, on ne juge pas les fous
Les experts sont tous d’accord sur le fait que l’accusé est psychiatriquement et criminellement dangereux. Mais, considérant les enjeux en matière de droit pénal. Son état altéré le rend responsable de ses actes et aussi passible d’une sanction pénale, certes moindre. Si l’accusé est considéré comme irresponsable, l’abolition est prise en compte et il ne sera pas sanctionné. La loi est très claire à ce sujet: on ne juge pas les fous. Dans ce cas, le préfet demandera son placement en UMD (Unité pour Malade Difficile). L’avocate générale a essayé, en vain, de faire changer l’avis du premier spécialiste malgré ses nombreux arguments. La défense, pour sa part, a tenté d’obtenir l’acceptation d’un niveau d’altération presque effacé.
Ce jeudi 4 mai, la conclusion du procès très atypique en appel aura lieu en fin de journée. Pour le procureur, le challenge est de montrer aux jurés que l’accusé était en état d’ivresse, mais pas aboli. Cela signifie qu’il est susceptible d’être puni. L’accusé, pour lequel la cour avait décidé de 30 ans de prison étant donné son incapacité à distinguer le bien du mal, peut s’attendre à une peine de réclusion criminelle à perpétuité.
A lire aussi :
Wuambushu : Des Malgaches arrêtées pour prostitution sans papier à Mayotte
Laisser un commentaire