L'opération « Wuambushu » à Mayotte : Qu'en savons -nous ?

D’après ce qu’on dit, une opération pour expulser les étrangers en situation irrégulière de l’archipel pourrait être lancée à la fin de la semaine et suscite des réactions très vives et des oppositions.

Les habitants de Mayotte commencent à s’inquiéter. Cette semaine, le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer va lancer « Wuambushu », une opération militaire et policière approuvée par Emmanuel Macron en février. L’objectif est d’expulser les personnes étrangères en situation irrégulière qui vivent dans les bidonvilles mahorais. L’opération débutera dès la fin du Ramadan.

Qu’est-ce que l’opération « Wuambushu » ?

« Wuambushu », qui signifie « reprise » en mahorais, est une opération visant à expulser les sans-papiers des bidonvilles de Mayotte vers Anjouan, une île comorienne à 70 kilomètres de distance.

Dans le numéro du 22 février du Canard Enchaîné, on affirme qu’un bon nombre de gendarmes et de policiers se préparent à envahir l’archipel. Leur mission ? Remédier à l’immigration illégale et aussi réprimer les délinquants à la machette.

La semaine prochaine, jeudi, vendredi ou samedi, une opération intitulée « Wuambushu » va démarrer et devrait durer deux mois. L’objectif du ministère de l’Intérieur est d’expulser 300 personnes par jour, beaucoup plus qu’aujourd’hui (70). Pour cela, Mayotte a fait venir 500 gendarmes et policiers supplémentaires.

La préfecture de Mayotte a communiqué qu’entre le 1er janvier et le 31 mars 2023, appréhension de 2 255 étrangers sans papiers à la mer et renvoie de 6 507 personnes à la frontière.

Quelles seront les répercussions pour Mayotte ?

Les professionnels de santé sur place ont publié une tribune dans « Mayotte Hebdo », adressée à François Braun, ministre de la Santé, à propos de l’opération « Wuambushu » et ont signalé que cela pourrait avoir des « conséquences dramatiques ».

Les soignants s’inquiètent de l’impact d’une telle action: des hauts risques épidémiques dans les zones d’hébergement d’urgence, des pannes d’eau potable, des délais dans les soins et l’isolement des enfants malades – problèmes déjà rencontrés dans le passé.

Cyril Castelliti, journaliste pour « le Monde » et Mediapart, présent sur place, a partagé des images montrant que des personnes vivant dans un bidonville avaient décidé de « prendre les choses en main et de détruire leurs cases ».

La 1re, chaîne de télé régionale, a annoncé qu’une lettre a été envoyée au gouvernement par cinq collectifs mahorais : deux citoyens, Ré-MaA, les Femmes leaders et le comité de défense des intérêts de Mayotte, pour demander le maintien de “Wuambushu”.

Estelle Youssouffa, députée de la 1ère circonscription de Mayotte, a montré son soutien à l’opération sur La 1ère – la chaîne d’actualité. Mansour Kamardine, le député LR de la 2ème circonscription, a déclaré le 11 avril que la population soutenait l’opération à cause de l’augmentation de la délinquance sur l’île.

En effet, cette opération fait l’objet de nombreuses critiques en France ; certaines associations s’inquiètent des implications humaines qu’elle pourrait avoir.

La Ligue des Droits de l’Homme (LDH) lance un appel : »les autorités mettent fin à cette escalade de la violence et veillent au respect de l’Etat de droit « . L’Unicef et la Commission nationale des Droits de l’Homme se sont également exprimés et sont inquiets quant au respect des droits dans le cadre de cette opération.

Qu’en pensent alors les Comores ?

Le gouvernement des Comores s’oppose fermement à l’opération française. Les autorités craignent une augmentation du risque de violence et plusieurs responsables locaux s’inquiètent de ne pas pouvoir l’arrêter. Anissi Chamsidine, gouverneur d’Anjouan, a déclaré à l’AFP : « Nous n’avons pas les moyens d’absorber cette violence provoquée par l’Etat français depuis Mayotte. On ne peut pas règler une situation aussi compliquée de façon aussi déconcertante. »

Le porte-parole du gouvernement comorien, Houmed Msaidie, a fait un appel pressant aux Français de renoncer à l’opération « Wuambushu ». Le président comorien, Azali Assoumani, a exprimé aussi à l’AFP la semaine dernière qu’il espérait que l’opération serait annulée, reconnaissant qu’ils n’avaient pas les moyens de l’arrêter par la force.

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