Le ministre de l’Intérieur des Comores, Fakridine Mahamoud, a fait savoir que « personne n’est autorisé à entrer dans un port sous souveraineté comorienne » alors que l’opération Wuambushu débute cette semaine à Mayotte. La France a réagi en espérant que les rotations reprennent « rapidement ».
Les Comores ont rejeté la requête d’accostage du navire transportant des migrants depuis Mayotte, lundi 24 avril.
On a commencé ce matin dans le 101e département français une opération très controversée, baptisée Wuambushu, censée combattre la délinquance, détruire les bidonvilles et expulser les sans-papiers, en majorité des Comoriens, vers la plus proche île comorienne à seulement 70 km.
Les Comores ont décrété la fin de la navigation de passagers dans leur port, où il est fréquent que des personnes expulsées soient débarquées. Fakridine Mahamoud, le ministre de l’Intérieur, a annoncé que « si la partie française continue d’agir de manière unilatérale, nous assumerons nos responsabilités et nous n’autoriserons aucun expulsé à entrer dans un port sous souveraineté comorienne ».
Thierry Suquet, le préfet de Mayotte, s’est exprimé lundi après-midi devant la presse à Tzoundzou, une banlieue de Mamoudzou. Il a souhaité que les rotations des navires vers l’île comorienne d’Anjouan soient de nouveau possibles malgré le refus. Espérons que cela se fasse le plus vite possible !
Les services maritimes ont alors annoncé qu’ils n’autorisaient pas l’embarquement et le débarquement des passagers à Mutsamudu (l’île comorienne d’Anjouan) jusqu’au 26/04/2023. Une fois cette date passée, nous pourrons savoir si les opérations peuvent reprendre ou non.
La semaine dernière, les Comores ont ainsi annoncé qu’elles ne voulaient pas recevoir les personnes expulsées par l’opération. Moroni a lancé plusieurs appels à Paris pour annuler l’opération, soulignant qu’elles n’avaient pas les moyens de prendre en charge un grand nombre de migrants. Des négociations avaient eu lieu ces derniers temps, ce qui avait donné l’espoir d’un accord de dernière minute.
Les autorités comoriennes espéraient l’annulation de l’opération
Azali Assoumani, le président des Comores et de l’Union africaine, a souhaité l’annulation de l’opération même s’il sait qu’il ne peut pas l’empêcher par la force. Mais il garde l’espoir !
En 2019, les Comores et Paris ont scellé un pacte sur les migrations. La France a donc accepté de financer le développement à hauteur de 150 millions d’euros. Malheureusement, de nombreux migrants africains, spécialement les Comoriens, perdent la vie tentant de rejoindre illégalement Mayotte à bord des kwassa kwassa, ces petits bateaux de pêche motorisés.
Mayotte est une île qui se trouve entre Madagascar et la côte est-africaine et fait partie de l’archipel des Comores. En 1974, lors d’un référendum, elle se sépare des autres îles qui ont décidé d’opter pour l’indépendance. En 2011, elle est devenue un département français, mais l’Union des Comores ne reconnaît pas encore la souveraineté de la France sur cette île.
Selon l’Insee, près de la moitié des 350 000 habitants de Mayotte ne sont pas français, et un tiers des étrangers vivant sur l’île sont nés là-bas.
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