Pologne et Hongrie : Blocage de l'Ukraine sur le marché du blé

Les produits agricoles à bas prix et la mauvaise humeur des agriculteurs ont amené la Pologne, suivie par la Hongrie, à bannir les importations ukrainiennes qui pénètrent sans frais dans l’UE.

Les tensions sont montées ces dernières semaines et ont culminé samedi : la Hongrie et la Pologne ont bloqué les importations d’Ukraine de céréales et d’autres produits agricoles pour protéger leurs agriculteurs. Jaroslaw Kaczynski, chef du parti Droit et Justice (PiS) qui gouverne en Pologne, a annoncé que le gouvernement «interdit l’entrée et les importations de céréales en Pologne ainsi que de dizaines d’autres produits agroalimentaires» pour préserver «une grave crise du secteur agricole». Le ministre hongrois de l’Agriculture a partagé la même annonce sur Facebook.

Comment se fait-il que la Pologne ait pris une telle décision, alors qu’elle s’était engagée à aider son voisin en accueillant plus d’un million de réfugiés et en le soutenant militairement ? La principale raison en est la baisse des prix agricoles qui ont mis les fermiers en colère, ce qui a incité le ministre de l’Agriculture à démissionner. Depuis le 4 juin, les produits agricoles ukrainiens peuvent entrer librement dans l’UE, ce qui présente des opportunités nouvelles pour une agriculture qui, jusqu’alors, était bloquée par la guerre et ne pouvait pas exporter vers sa destination habituelle, la mer Noire. Cependant, la Pologne se prépare à des élections législatives cet automne et les partisans de l’ultra-conservateur PiS se trouvent principalement à la campagne

Malgré les tensions, «nous restons des amis et des alliés».

La Pologne, la Bulgarie et la Roumanie ont été les plus durement touchées par les importations à bas prix exemptes de droits de douane, donnant un aperçu de ce qui attend l’UE lorsque l’Ukraine deviendra membre. Budapest, qui s’aligne sur Varsovie alors que leur marché est intacte, cherche surtout à faire entendre sa voix. Le Premier ministre Viktor Orbán ne cache pas vraiment son soutien à la Russie. Avec l’Ukraine qui se rapproche de l’UE, cela pourrait être une source de préoccupation pour certains.

Le droit européen et international peuvent décider si le transporteur hongro-polonais peut transporter des marchandises en transit, mais ce n’est pas encore très clair. De plus, l’accord de <b>2022</b> qui aurait supprimé les restrictions tarifaires et quantitatives sur les produits agricoles ukrainiens et qui aurait été renouvelé dans les prochains jours est en mauvaise posture, ce qui pourrait aggraver la situation économique déjà fragile de l’Ukraine.

Malgré tout, le président du PiS a affirmé que la Pologne reste un allié de l’Ukraine, ce qui est assez audacieux. « Nous sommes des amis et des alliés, sans changement », a-t-il dit. La ministre ukrainienne de l’Agriculture a répliqué avec force que, si les agriculteurs polonais traversent des moments difficiles, ils n’ont rien à voir avec ce que vivent leurs homologues ukrainiens. Elle a fait l’avance que les deux pays arrivent à un compromis dans les jours à venir.

Des espoirs rapidement déçus.

Le 5 avril, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est rendu à Varsovie pour une visite officielle. Son homologue Andrzej Duda lui a remis l’Ordre de l’aigle blanc et Zelensky a déclaré que c’était une façon de lui montrer sa gratitude. Il a affirmé lors d’une conférence de presse que la question agricole avait été réglée, mais cet espoir s’est vite dissipé avec la démission du ministre polonais de l’Agriculture, qui estimait ne pas pouvoir gérer la crise.

En Pologne, on ne peut pas importer de céréales, de sucre, de viande, de fruits et légumes, de lait et d’œufs. De leur côté, les Hongrois ont interdit l’importation de céréales, d’oléagineux et d’autres produits agricoles. Dans un communiqué, Budapest a fait savoir qu’ils sont à la recherche d’une solution et des mesures de l’UE pour protéger les intérêts de leur communauté agricole.

Le 31 mars, les chefs d’Etat bulgare, hongrois, polonais, roumain et slovaque ont envoyé une lettre à Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, pour lui demander de prendre des mesures de protection contre les «distorsions du marché» liées à la levée des droits de douane sur les produits ukrainiens. Attribution de 54 millions d’euros du fonds d’urgence agricole (sur les 450 millions disponibles) à la Pologne, à la Bulgarie et à la Roumanie. Varsovie et Budapest menacent de bloquer l’Ukraine s’ils n’obtiennent pas plus. Une vraie menace !

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