Les députés écologistes s’apprêtent à présenter, ce vendredi 26 mai, une proposition de loi visant à instituer un congé menstruel, pour permettre aux femmes qui souffrent durant leurs règles de bénéficier d’aménagements de travail ou même d’un arrêt sans que cela ne se traduise par une perte de salaire. La ville de Saint-Ouen a d’ailleurs déjà mis ce genre de dispositif en place il y a deux mois.
Thanina Ould Younes, responsable du développement et de l’attraction à Saint Ouen (Seine-Saint-Denis), raconte que depuis la mise en place du repos menstruel le 27 mars 2023, sa vie a changé. Elle est atteinte d’endométriose grave et qualifie ses souffrances comme étant « handicapantes » et « extrêmement intenses », avec des nausées, des vomissements et même de la fièvre, tout ça pendant près de 48 heures.
Elle souffrait d’un handicap mensuel qui ne l’avait jamais poussée à en parler à son employeur auparavant. Mais elle a dû réorganiser son temps de travail et sa vie dans ce laps de temps. Elle évitait les rendez-vous publics les jours de règles et prenait des antidouleurs car rien d’autre ne fonctionnait.
Finalement pouvoir discuter sans retenue au boulot et s’habituer à cette nouvelle situation, c’est une sorte de soulagement.
Thanina Ould Younes explique que c’est un sujet qui concerne beaucoup de femmes et ne devrait pas être tabou. Seulement 18 des 800 femmes travaillant à la mairie se sont fait connaître auprès de la médecine du travail et ont dû fournir un certificat de leur médecin pour prouver leurs maux. Antoine Raisseguier, responsable des ressources humaines de Saint-Ouen, explique qu’un déclaratif sur la douleur n’est pas suffisant dans le monde du travail actuel. Il faut pouvoir s’appuyer sur la situation médicale pour prendre une décision.
Pour aider les agentes individuellement, des dispositifs leur sont destinés
La mairie de Saint-Ouen sait que lorsque le télétravail n’est pas possible, une autorisation d’absence doit être accordée – un coût qui sera assumé par eux. « Nous devrons nous doter des moyens nécessaires, tant financiers que RH », explique Antoine Raisseguier. « Quelle sera l’état d’une de nos collègues après cinq, dix ou quinze ans de souffrances liées aux règles chaque mois ? », s’interroge-t-il. « Cela prépare une usure professionnelle et, bien sûr, cela a un coût », conclut-il, ajoutant que le congé menstruel est « un bon investissement. »
Des distributeurs de protection hygiénique et des pièces avec des bouillottes en libre-service pour apaiser la douleur sont également à l’étude. La municipalité fait tout ce qu’elle peut, mais c’est maintenant le tour de l’État de faire passer le congé menstruel dans la loi.
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