Mons : des témoignages positifs pour mettre fin aux activités d’une revendeuse de chiots importés

Anna Lux a été forcée de témoigner avec une profonde tristesse et une grande colère. En décembre dernier, elle a accueilli Karly, un chiot de race Spitz nain (appelé aussi loulou de Poméranie), qui était présenté comme en bonne santé et élevé en famille. Elle a immédiatement été heureuse d’accueillir ce chiot, mais la réalité s’est rapidement imposée.

Karly avait un faux passeport biélorusse et tous ses papiers d’identité étaient bidon. Malheureusement, elle était encore une victime d’une usine à chiots et d’une revendeuse d’animaux venant des pays de l’Est. Trop jeune et déjà séparée de sa mère – elle-même victime des reproductions en série -, non vaccinée, atteinte d’une maladie congénitale héréditaire, Karly est décédée le 20 mars.

Le trafic de chiots est rentable

Anna Lux s’est engagée à mettre un terme à ces pratiques illégales et elle a déjà recueilli des dizaines et des dizaines de témoignages d’acheteurs qui ont été victimes de Maria Ianniello. Cette dernière est active depuis 2016 et son trafic commence à Mons, en commençant par Havré et se poursuit à Hyon. Ses activités illicites sont rémunératrices, car selon différents documents dont nous avons eu connaissance, elle vend au moins une dizaine de chiots par mois, voire une vingtaine, et ses victimes sont répandues partout en Belgique et à l’étranger.

Les chiens achetés à bas prix en Russie ou en Biélorussie et revendus en moyenne à 2400 €. On peut dire sans se tromper que c’est une affaire très rentable ! Nous avons discuté avec plusieurs personnes ayant subi ces pratiques. Certaines ont perdu leur animal, tandis que d’autres ont dépensé des sommes folles en frais vétérinaires pour le sauver.

Toutes préfèrent rester anonymes, de peur des représailles. Anna Lux ne veut rien de Maria Ianniello, ni compassion ni remboursement, elle veut juste mettre un terme à ses activités et, par là même, à la souffrance animale qu’elle encourage et renforce. Quelqu’un nous a dit : « C’est une excellente vendeuse, elle sait mentir à merveille et elle arrive à convaincre n’importe qui ».

Grâce à un agrément d’éleveur occasionnel

Quand on lui a demandé de nous montrer les parents de la portée, elle a répondu qu’elle n’avait que le mâle, et que la femelle appartenait à sa cousine. Elle a aussi dit qu’elle avait acheté des chiens pour elle-même, mais qu’elle les revendait, à un prix très élevé, sous prétexte qu’elle nous faisait « un cadeau ». Bref, ses explications laissaient à désirer.

La difficulté de l’intervention et l’éradication des trafics de chiots

L’Unité du bien-être animal, à plusieurs reprises interpellée au sujet des activités de Maria Ianniello, mais jusqu’ici, sans aucune action concrète. Quand on leur a demandé de commenter la situation, ils nous ont simplement répondu qu’ils ne souhaitaient pas en parler. Nous avons alors essayé de comprendre le fonctionnement de cette unité, qui relève directement du Service Public de Wallonie (SPW).

L’UBEA, composée de 12 agents de police judiciaire, a beaucoup de travail à faire : chaque année, environ 3000 dossiers de plainte arrivent sur leurs bureaux. Et malheureusement, les moyens sont insuffisants. Comme le dit Bruno Cardinal, coordinateur de l’UBEA : « On est face à des missions de service public à réaliser et des enquêtes à mener pour les parquets, c’est donc un cadre bien particulier dans lequel on travaille ».

Chaque cas est unique

” Si un citoyen remarque une violation ou une infraction qui touche le bien-être animal, nous l’encourageons à en informer les autorités compétentes via le 1718. Ensuite, cela dépendra de la nature de l’infraction et des difficultés éventuelles à la constater et à la faire cesser. Les zones de police ou l’autorité communale peuvent intervenir, et même saisir les animaux si la situation est urgente et dangereuse.

C’est donc au cas par cas. S’il y a une infraction, notre job consiste à y mettre fin. Pour ça, on a toute une panoplie de moyens prévus par le décret relatif à la délinquance environnementale : analyse de documents, aide d’experts, visites domiciliaires autorisées par un juge d’instruction, etc. Une fois les PV rédigés, on les envoie dans le circuit administratif. Le procureur peut choisir de s’en occuper ou laisser le boulot à un fonctionnaire-sanctionneur qui pourra imposer une amende administrative ou retirer un permis de détention.

En ce qui concerne les usines à chiots, c’est compliqué : il faut que le chien soit en danger immédiat pour pouvoir intervenir, ce qui n’arrive généralement que quelques jours après que le revendeur a récupéré l’animal. « Quand on démantèle un trafic, on ne travaille pas seul : des services comme la police, l’Afsca, l’Inami, peuvent s’ impliquer. »

Eh bien, comme d’habitude, les choses présentent des complications et prennent du temps. Un temps que les victimes des trafiquants ne veulent pas attendre, car elles sont trop affectées par la souffrance des animaux qui sont exploités jusqu’à la mort et vendus comme de simples objets.

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