Les voitures électriques nécessitent moins d’entretien que les voitures à essence. Pourtant, de nombreux constructeurs continuent d’exiger des révisions régulières, alors que Tesla a su se passer de cette contrainte.
Tesla a non seulement réinventé la façon d’acheter une voiture, mais a également dynamisé la notion d’entretien. Dans un tweet récent, le constructeur a rappelé que l’entretien de ses voitures était réduit au minimum. Si le véhicule nécessite un dépannage, une grande partie du processus peut être effectuée depuis l’application mobile, sans avoir à se rendre en concession. Face à cette stratégie innovante de Tesla, les autres constructeurs semblent dépassés en exigeant toujours des passages réguliers en atelier. Qui, de Tesla ou des autres constructeurs, a la vision la plus juste ? Bien que la réponse puisse paraître évidente, elle ne l’est pas tant que cela.
Tesla a une longueur d’avance sur ses concurrents en matière de diagnostic et de traitement à distance des problèmes de véhicules. Mais sans cette avancée technologique, la marque n’aurait pas pu conquérir le monde comme elle l’a fait. Cependant, son système n’est pas parfait.
Tesla, un entretien minimaliste
Tesla n’impose pas de révision selon un calendrier annuel ou un kilométrage défini. Et puis, certaines des vérifications exigées par la marque peuvent être effectuées par les propriétaires eux-mêmes. Même s’ils ne sont pas des mécaniciens pros. Les recommandations de maintenance Tesla sont les suivantes :
Changement du filtre de l’habitacle après 2 ans d’utilisation d’une Tesla, voire tous les 3 ans pour les nouveaux modèles S et X,
Vérification du liquide de frein tous les 2 ans,
Permutation des pneus et équilibrage tous les 10 000 km,
Changement du filtre HEPA tous les 3 ans, si le modèle en est équipé,
Entretien de la climatisation tous les 2 à 6 ans selon le modèle,
Nettoyage et lubrification de tous les étriers de freins tous les 12 mois ou 20 000 km.
Cela change la donne par rapport aux voitures à essence, qui doivent être vidangées régulièrement. Ici, il n’y a ni changement d’huile, ni courroie, ni boîte de vitesses, ni filtre à carburant à remplacer. Certains diront qu’il est également possible de faire sa vidange soi-même. Mais cela nécessite tout de même quelques connaissances techniques et surtout un équipement approprié. Cela reste un cas particulier.
Un véhicule électrique, quelle que soit sa marque, nécessite beaucoup moins de réparations mécaniques. Mais pourquoi les autres constructeurs de voitures électriques continuent-ils à forcer les propriétaires à passer en atelier ?
La clé de Tesla : ses outils de diagnostic embarqués et ses mises à jour OTA
Tesla est à la pointe de l’innovation quand il s’agit de configurer sa voiture sans aucune aide physique. Beaucoup de constructeurs proposent aujourd’hui des mises à jour à distance (OTA) mais Tesla est le plus avancé.. Les gars chez Tesla peuvent régler certaines des pannes électroniques de votre véhicule à distance! Les données de diagnostic intégrées aux modèles sont certainement parmi les plus pointues de l’industrie automobile. C’est une économie directe pour le constructeur en termes de masse salariale, mais aussi pour le propriétaire d’une Tesla, qui n’a pas à payer chaque passage en atelier.
Cependant, « sans entretien » ne signifie pas sans panne. Ce que les constructeurs traitent parfois en préventif lors d’un passage en atelier sur les autres modèles. Les propriétaires de Tesla se retrouvent à devoir s’en occuper personnellement quand un truc ne tourne pas rond. Et dans ces situations, la gestion en partie déshumanisée de la demande de réparation et la distance avec le centre de service peuvent poser problème pour certains clients.
Des contrôles réguliers pour la sécurité du véhicule
Interrogés à propos des passages réguliers en atelier pour les voitures électriques, les différents constructeurs répondent tous que ces révisions sont nécessaires pour assurer la sécurité du véhicule.
Passer par un atelier pour réviser une voiture électrique n’implique que peu de changements de pièces d’usure. Mais permet au constructeur de vérifier l’état général de la voiture: châssis, carrosserie, pneumatiques, direction et suspension. Cela donne également l’opportunité à la marque de s’assurer de l’intégrité de la batterie et de son bon fonctionnement.
De nombreux fabricants exigent même un rendez-vous annuel. C’est le cas chez la plupart des constructeurs généralistes, tels que les marques du groupe Stellantis (Peugeot, Citroën, DS, Fiat…) ou chez Renault. Ce premier rendez-vous en atelier vise davantage à faire le point avec le conducteur ou la conductrice pour savoir s’il y a des difficultés à rencontrer plutôt qu’à vérifier le véhicule électrique.
Ces révisions en atelier sont de 20 à 35 % moins chères que pour les véhicules thermiques. Mais elles restent un coût non négligeable et prennent du temps.
Un moyen de maintenir le réseau de concessionnaires
Avec moins de pannes et de révisions en atelier, le modèle économique des concessionnaires est en équilibre précaire avec l’essor des voitures électriques. Les ventes rapportent de moins en moins. Jusqu’à présent, l’atelier permettait d’obtenir une certaine rentabilité à long terme, mais cet avantage disparaît en partie avec l’électrique.
En imposant un planning de révision obligatoire, les constructeurs historiques sauvegardent une source de revenus cruciale. Pour s’assurer que les clients ne se détournent pas, les conditions de garantie pour le véhicule et la batterie impliquent une révision dans le réseau selon le programme établi. Les marques cherchent ainsi à garder leurs clients captifs le plus longtemps possible. C’est notamment le cas chez les Coréens de Kia, qui, pour bénéficier de la fameuse garantie de 7 ans, exigent une révision en concession. Ils ne sont pas les seuls à fonctionner ainsi. Plus la durée de garantie est longue, plus le client devient dépendant de son concessionnaire.
Maintenir un planning de révision pour s’assurer que les voitures électriques fonctionnent bien et en toute sécurité est une bonne démarche. Cela permet également de maintenir un lien humain avec le client, avec ses avantages et ses défauts selon les concessionnaires. Il est possible de trouver un compromis entre l’absence de révision à la manière de Tesla, qui laisse le client se débrouiller seul pour gérer son véhicule dans le temps, et les rendez-vous trop fréquents et coûteux des constructeurs traditionnels.
En dehors des jeunes marques qui se lancent sans disposer d’un réseau de revendeurs, peu de constructeurs cherchent à renouveler ce suivi du véhicule. Il semble pourtant possible de remplacer les grandes concessions de proximité par des points de vente plus petits. Ils pourraient être combinés à des services de dépannage mobiles, tels que les Rangers de Tesla, et c’est peut-être là une des solutions d’avenir.
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