Les maires de France, très choqués par l’attaque violente contre la maison du maire de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), ont invité la population et les élus à se rassembler lundi à midi devant toutes les mairies, pour une mobilisation civique. Une véritable onde de révolte s’est propagée dans l’Hexagone suite à cet acte.
Les maires des villes de France vont sonner leurs sirènes à midi, heure de Paris, pour souligner ces rassemblements devant les mairies, a annoncé David Lisnard, président de l’Association des maires de France (AMF). Les autorités françaises ont lancé un appel dimanche à une mobilisation civique devant toutes les mairies pour rétablir l’ordre républicain. Depuis mardi, les communes ont été le théâtre d’incidents graves, dont des actes de violence dirigés contre des symboles républicains tels que les mairies, les écoles, les bibliothèques et les polices municipales.
Une vague d’émotion a submergé le pays après l’attaque à la voiture-bélier contre le domicile du maire LR de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), Vincent Jeanbrun. Mais après les cinq nuits de troubles qui ont suivi le tragique décès de Nahel, âgé de 17 ans, abattu par un policier, un calme relatif s’est finalement installé entre le dimanche et le lundi.
Alors que les forces de l’ordre ont mené des arrestations dans tout le pays, la Réunion était calme à 3h30 du matin . À Paris et dans sa banlieue proche, la préfecture de police a annoncé l’interpellation de vingt personnes à 23h00. Après l’attaque de la maison de Vincent Jeanbrun, la Première ministre Elisabeth Borne a alors rassuré les maires en leur disant que le gouvernement ne tolérerait pas la violence et appliquerait « la plus grande fermeté » dans les sanctions.
Emmanuel Macron prend la situation en main
Emmanuel Macron doit recevoir lundi les présidents des deux assemblées, puis les maires des 220 communes qui ont été touchées par les violences le mardi. Il a aussi invité Elisabeth Borne à rencontrer les chefs des groupes parlementaires.
Le Président de la République souhaite s’atteler à une étude plus approfondie afin de mieux saisir les origines de ces incidents, a annoncé l’Elysée. Il s’agit ainsi d’un travail de fond et de longue haleine.
C’était le chaos. Pendant 5 nuits, le Ministère de l’Intérieur a enregistré des dégâts incroyables. 5.000 véhicules incendiés, 1.000 bâtiments saccagés, 250 agressions de commissariats ou de gendarmeries et plus de 700 membres des forces de l’ordre blessés. Un bilan jamais vu auparavant.
Suite aux violences qui se sont produites à grande échelle, les demandes de calme et de sérénité sont-elles prises en considération ? Dimanche après-midi, la grand-mère de l’adolescent tué mardi dernier à Nanterre, près de Paris, lors d’un contrôle routier après un refus d’obtempérer, a encouragé les manifestants à se fier à la justice.
Nadia, « fatiguée » et « dévastée », a supplié : « S’il vous plaît, qu’ils ne cassent pas les vitrines, qu’ils ne cassent pas les écoles, pas les bus ». Elle a réclamé la punition du policier auteur du tir mortel « comme tout le monde » et a exprimé sa « confiance en la justice ».
Un peu plus tôt, des responsables politiques s’alarmaient que « la barrière » ait été franchie lors de l’attaque contre le maire de L’Haÿ-les-Roses dimanche vers 01H30 (23H30 GMT). Une voiture-bélier remplie de produits incendiaires a en effet pénétré dans la propriété où il résidait alors qu’il était à son bureau à la mairie.
Le parquet de Créteil lance une enquête pour « tentative d’assassinat »
.Mélanie Nowak, l’épouse du maire Vincent Jeanbrun, conseillère départementale et adjointe au maire, qui a pris la fuite avec ses deux jeunes enfants, s’est fracturé le tibia et a subi une opération.
Vincent Jeanbrun a raconté que « sans aucun doute, ils voulaient mettre le feu à la maison » et, quand ils ont réalisé qu’il y avait quelqu’un à l’intérieur, au lieu d’arrêter, c’est une véritable salve de tirs de mortiers d’artifice qu’ils ont déclenchée, complètement dingue.
Le maire de Charly, petite ville située au sud de Lyon, s’est indigné : « Jamais je n’aurais cru qu’on menacerait ma famille avec la mort ! » Il a ensuite lancé un appel « à un sursaut républicain ». Dimanche matin, on a découvert, au domicile du maire, un dispositif « clairement conçu pour provoquer un incendie ».
Un dispositif reconduit
Pour la 3ème nuit d’affilée, on a donc maintenu un dispositif conséquent avec 45.000 gendarmes et policiers sur le terrain.
Une vidéo amateur ayant contredit le récit des policiers, le tir à bout portant d’un motard et la mort de Nahel à Nanterre ont donc suscité une grande réaction. Jusqu’au sommet de l’Etat, l’incident a choqué la France et a été perçu bien au-delà de ses frontières.
Les violences qui se sont produites, et la fureur de beaucoup de jeunes des banlieues face aux violences policières ou l’Etat, nous rappellent les émeutes qui avaient remué la France en 2005, suite au décès de deux adolescents traqués par les forces de l’ordre.
Après seulement trois semaines, on a recencé 10.000 véhicules détruites, plus de 200 bâtiments publics embrasés et 5.200 personnes appréhendées.
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