Les petites filles de Saint-André ont vu leur oncle écoper de 4 ans de prison pour des délits qu’il a perpétrés chez leur grand-mère. La famille a longtemps gardé le secret pour éviter que tout ne s’écroule autour d’eux.
Nelly* a trouvé son frère dans un drôle d’état cet après-midi de juin 2017 – en rentrant faire les courses, elle l’a vu nettoyer un tiroir dans une chambre. Il y avait sa nièce de 7 ans à côté de lui, qui tirait sur son pantalon pour le remonter.(Violences sexuelles)
Quand sa fille lui a raconté comment, des fois, dans le salon verrouillé, l’oncle lui avait ordonné de venir s’assoir sur ses genoux et lui avait serré les poignets très fort pour qu’elle arrête de se débattre, car le sang de Nelly n’a fait qu’un tour.
Elle était là, debout sur une chaise, la culotte baissée, contraint de subir le sexe qu’il lui frottait sur les parties intimes.
Nelly se retrouva à faire face à une première plainte et, comme c’est souvent le cas dans ces douloureuses histoires, sa fille aînée s’effondra en apprenant ce qui venait d’arriver. Nadine* nous a livré sa tragique histoire : « Ça recommence ». L’oncle abusait d’elle dès sa CE1 et elle finissait par se retrouver plusieurs fois dans le garage ou une chambre. Il l’attirait avec des bonbons ou de la monnaie. Une triste histoire qui pourrait arriver à n’importe qui.
Quand deux ans d’enquête n’amènent aucun résultat
Pendant deux longues années, le commissariat de Saint-André n’avait pas réussi à faire avancer le dossier d’un poil. Mais en 2019, le vent a tourné avec l’arrivée d’un nouveau policier judiciaire, et l’enquête s’est à nouveau mise en branle. La grande sœur des deux premiers victimes avait aussi brisé le silence. Elle avait subi des agressions sexuelles à partir de l’âge de six ans et ça avait duré trois ans.
Le vendredi 17 mars, l’auteur a comparu devant le tribunal correctionnel et a nié toutes les allégations contre lui. Alors la présidente de l’audience, la représentante de la société et l’avocate des victimes n’ont pas semblé très convaincues par ses démentis.« Vous les avez agressées, vos nièces ? », s’est exclamée Me Sylvie Moutoucomorapoullé.
Quand le prévenu s’est senti mal, on a cru qu’il allait s’évanouir. Après une pause pour reprendre ses esprits, Guy G.V. était complètement sorti de lui. Malgré les efforts du ministère public pour émouvoir le jury, l’oncle n’a pas craqué. « Elles ont fait tout ce qu’elles pouvaient pour conserver ce secret car elles savaient que ça allait anéantir la famille », a déclaré l’avocate des parties civiles.
Quand il s’agit de l’une d’elles, on ne trouve plus aucune trace de preuve. Et Nadine a essayé de raconter son histoire aux femmes qui l’entouraient, mais personne ne l’a cru. La grand-mère qui s’occupait souvent de la fratrie à sa maison, où vivait l’oncle, menaça même de se suicider si elle ne changeait pas ce qu’elle avait dit.
Pourquoi le pardon est-il si difficile à obtenir?
Le parquet de Saint-Denis a réclamé 4 ans de prison, dont 1 avec sursis probatoire.Me Julien Baracco, avocat de la défense, a affirmé que l’emprisonnement de son client n’avait aucun intérêt, ni pour lui ni pour les victimes. Son client n’était pas « dangereux », il ne s’est donc pas vu placé en détention dès le début de l’enquête, a-t-il souligné.
La sentence était sévère : Guy G.V. se retrouve condamné à 4 ans de prison, différés pour qu’il puisse s’organiser et entrer à Domenjod. Le tribunal a également décidé qu’il aurait 3 ans de suivi socio-judiciaire et ne pourrait pas contacter les victimes.
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