Le commerce de produits illicites a explosé à La Réunion : héroïne, cocaïne, LSD et résine de cannabis sont de plus en plus disponibles. Et pour cause : des « mules » arrivent à l’aéroport Rolland Garros pour transporter ces substances illégales. Une situation préoccupante qui ne cesse de s’intensifier.
Dernier cas noté : une élue municipale dans la banlieue parisienne a été arrêtée à l’aéroport Roland-Garros le 3 mai. Dans ses bagages, les douaniers ont découvert dix kilos de résine de cannabis, un kilo de cocaïne et du LSD. Ces derniers temps, cette représentante de la République avait pas mal voyagé entre la métropole et La Réunion. Soupçonnée de trafic de drogues, elle est donc actuellement enfermée au centre pénitentiaire de Domenjod. Lors de son interrogatoire, elle a nié toute implication dans ce trafic. Les enquêteurs, se demandent s’il existe alors plusieurs réseaux d’importation, vu le nombre de mules arrêtées à l’aéroport Roland Garros ces derniers temps.
Ludovic Guichard, co-secrétaire général de la CGTR Douanes, constate une augmentation des mules à l’aéroport. « C’est un phénomène qui s’agrandit », dit-il. Les agents des douanes trouvent de la drogue dissimulée dans les bagages des gens venant de Paris, Maurice et Madagascar.
Les autorités sont préoccupées par les profils des « mules ».
« Ce sont des personnes variées, poursuit Ludovic Guichard. Parfois, ce sont des gens qui ont un emploi et qui sont intégrés dans leur communauté. On ne peut plus parler de criminalité ou de grand banditisme. Les profils sont plus complexes et il est plus difficile de les repérer à leur arrivée ou durant leur voyage. » Recrutées à la discothèque ou en ligne, les « mules » sont ainsi utilisées pour transporter la drogue en échange de vacances et d’argent.
Les drogues illicites qui pénètrent sur le territoire sont une source de problèmes. La CGTR Douanes soupire, ses ressources sont stables voire en baisse, et Ludovic Guichard, Co secrétaire général, déplore cet état de fait. Les douaniers et les gendarmes restent vigilants et il n’y a pas si longtemps, trois personnes, dont des célébrités mauriciennes, ont été arrêtées à Sainte-Rose. Leur bateau avait sombré tout près de l’Anse des Cascades et à bord, une tonne d’héroïne a été découverte. Les autorités savent qu’elles sont confrontées à des réseaux bien organisés.
Le trafic de stupéfiants est très rentable
Le trafic de stupéfiants est très rentable pour les dealers, affirme Mickaël Hoareau, secrétaire régional UNSA Police. Il est estimé que le prix de vente à La Réunion est trois fois plus élevé qu’en métropole, ce qui explique pourquoi c’est très avantageux pour les trafiquants de vendre leurs produits sur l’île. Les arrestations de « mules » ont augmenté et le nombre d’agents de police a doublé. « On note plus d’interpellations et le nombre de produits saisis a doublé par rapport à 2022 », déclare Mickaël Hoareau.
Selon Véronique Denizot, procureure à Saint-Denis, le zamal reste la drogue la plus populaire à La Réunion, mais « la cocaïne a connu une augmentation inquiétante ces dernières années ». D’habitude, elle était liée à des fêtes et à des milieux privilégiés. La cocaïne est plus chère à La Réunion qu’en métropole. Elle est mélangée et elle touche à présent toutes sortes de milieux, même les plus démunis. Elle arrive à La Réunion en provenance d’Amérique et passe par la France avant d’atteindre l’île.
Selon Véronique Denizot, plus on inspecte les aéroports, plus on découvre des choses. Donc il n’y a pas de raison de réduire les contrôles douaniers, postaux et portuaires. Elle reconnaît aussi qu’on peut ne capturer qu’une seule mule alors qu’il y en aurait plus impliquées dans l’avion.
La procureure a dit que le trafic d’ecstasy est en hausse, mais que « l’héroïne n’est pas présente à La Réunion et qu’elle ne le sera jamais ».
Elle a rappelé que « c’est important d’être vigilant car La Réunion est un lieu de passage où circulent des navires et des tonnes d’héroïne qui ne sont pas censées y arriver et on ne veut pas qu’elles y parviennent ». Et elle a ajouté que « la préoccupation est grande à Maurice ».
La lutte contre les infractions liées aux drogues est devenue une priorité pour les parquets de Saint-Denis et Saint-Pierre. Selon Véronique Denizot, des ressources ont été allouées et les actions menées ont porté leurs fruits ces deux dernières années. Malgré tout, elle souligne que les moyens dont elle dispose sont largement insuffisants face aux profits colossaux que réalisent les trafiquants.
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