Un an plus tôt, Pauline et Pradeep s’étaient rencontrés à Saint-Denis. Un amour qui se déroulait comme prévu jusqu’à ce que Pradeep, arrivé de Sri Lanka en 2018, se fasse intercepter dans la rue. L’amour est plus fort que tout.
Pauline et Pradeep se sont rencontrés alors qu’ils étaient voisins de palier. Elle s’était installée il y a un an dans un immeuble de Saint-Denis. Et lui habitait déjà l’appartement d’à côté avec trois autres Sri Lankais. Quelques mois plus tard, leur amour réciproque va-t-il résister à la cour administrative d’appel de Bordeaux ? Pauline et Pradeep (prénoms d’emprunt) s’étaient rencontrés quand Pradeep était arrivé à La Réunion avec 61 autres passagers le 14 décembre 2018.
La Réunionnaise de 37 ans était attirée par Pradeep, âgé de 36 ans. Mais elle n’avait pas encore remarqué que cet amour était aussi partagé. Elle se rappelle avec une grande tendresse ce moment où c’est lui qui a fait le premier pas : « Il est entré dans l’appartement et m’a embrassée », dit-elle avec émotion.
La communication était difficile au début, étant donné qu’il ne parlait pas français. On a eu recours à un logiciel de traduction, mais rapidement, comme elle l’a dit, « on n’en a plus eu besoin car on s’entendait bien ».
Pauline n’aurait jamais imaginé que sa situation de demandeur d’asile pourrait un jour être un problème. Pourtant, le 25 avril, lorsqu’il sortait de l’immeuble, Pradeep s’est fait arrêter par des policiers. Il s’est retrouvé au centre de rétention administrative et le 28 avril, il a été convoqué devant le juge administratif. L’audience avait lieu à 14h et son avocat n’a été prévenu que 3h avant. La défense a donc été organisée sans réelle préparation. Le tribunal administratif a rejeté sa demande d’annulation de l’OQTF (obligation de quitter le territoire français).
Il est obligé de se cacher
Après avoir été détenu et présenté devant le tribunal administratif de Saint-Denis, le ressortissant sri lankais a été libéré le samedi suivant devant un juge des libertés à Champ fleuri. Son avocat avait fait appel de la décision, ce qui a forcé Pradeep à se cacher quelque part à La Réunion.
Pauline ne veut pas imaginer l’éventualité que son amoureux soit interpellé et expulsé. Car elle est enceinte de lui et sa grossesse, elle va devoir l’affronter seule.
Quatre jours avant son arrestation, j’ai appris que j’étais enceinte. C’était le 21 avril. Je me demandais comment annoncer à son père qu’il allait être papa. J’ai pensé lui dire avec un appel vidéo en compagnie de sa maman au Sri Lanka, comme me le raconte Pauline. Elle n’espérait plus vivre des moments aussi intenses après avoir subi la terrible épreuve de la mort d’un enfant à cinq mois. Heureusement, elle est entourée de son premier fils qui a maintenant douze ans.
Elle nous explique sa vision des événements avec ces mots :
« Comment peut-on laisser quelqu’un sur le territoire pendant des années, puis un jour dire ‘Ok, il faut partir dans ton pays’? ». Une logique administrative qui donne à réfléchir. Même si le fait que l’Office français de protection des réfugiés et apatrides prenne du temps pour instruire les dossiers est bien connu.
Forcé de se cacher pour ne pas être arrêté, il ne pourra pas profiter de la grossesse de Pauline. Une triste réalité qui désole Pauline. « Tout ça à cause d’un papier », dit-elle en retenant ses larmes.
Ces derniers jours, des policiers viennent frapper à sa porte pour lui demander si son compagnon est à la maison. « Ils restent à la porte », nous explique-t-elle, « mais je leur ai déjà dit qu’ils pouvaient entrer et vérifier s’ils le voulaient. Comme si cet appartement si petit pouvait lui servir de cachette… » Elle semble légèrement découragée.
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